[RP - fermé] Une Borgne, une Gourdasse, un "Like his Tata" et une Rouquine

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Between Dijon and Sémur

* bruit de ventre qui gargouille *

- Dame Anaïs !

* autre bruit de ventre qui gargouille *

- Euh Dame Anaïs ?

* une borgne énervée *

- OUI GISELE JE SAIS ! Si tu pouvais te taire un peu ça m'arrangerait. Tu as faim, Vincenzo a faim, j'ai moi même faim mais tu sais comme moi que c'est de ta faute sombre idiote ! Alors arrête de te plaindre.

...Ambiance. Ana avait les nerfs en pelote et se demandait pourquoi elle avait embauché Gisèle. Pour veiller sur Vincenzo -l'enfant qu'elle avait recueilli peu de temps avant- en cas de besoin, ça elle le savait mais pourquoi elle ? Gentille, adorable, trop meugnonne...mais totalement gourde. La Ambroise jurait. Plus rien à grailler. A cause de qui ? De Gisèle. Et accessoirement d'un brigand Lorrain.

[Flash back / ON]

Ana, Vincenzo et Gisèle venaient de passer la ville de Luxeuil lorsqu'au petit matin un pignouf vint les attaquer. Un brigand quoi. Tandis qu'Ana sortit son épée pour défendre la micro troupe du lâche brigand, Gisèle appliqua à la lettre les consignes de sa patronne, c'est à dire la fuite en cas d'attaque. Pour appliquer la nourrice était douée. Pour appliquer avec la manière elle l'était moins. Rejoignant Gisèle et Vincenzo après avoir infligé au brigand une bonne correction, Ana se vit noyée sous un flot de questions indigestes.

- Oh Dame Anaïs ! Vous n'avez rien ? Il ne vous a pas blessée j'espère ?! Avez vous vu son visage ? Vous a-t-il volé l'argent que vous aviez sur vous ? Allez vous porter plainte ? Voulez vous qu'on retourne à Luxeuil pour porter plainte ?

- Gisèèèèèèèle...

(regard de chouette ahurie)- Oui Dame Anaïs ?

- Arrête de dire trente-six choses à la fois ! Tu me donnes mal à la tête. Non il ne m'a pas blessée, en revanche il a bien dégusté le pleutre. Ces fichus membres d'E.C.L.A.T... ratés jusqu'à la moelle ceux là ! Non seulement ils sont moisis politiquement mais même quand ils se mettent à brigander ce sont de grosses quiches.

- Ooohh...vous l'avez donc reconnu ? C'est un Lorrain alors ?!

- Euh...oui si je sais qu'il est d'E.C.L.A.T c'est que je l'ai reconnu. Il s'appelle Ersinn je crois, enfin on s'en cogne. Et s'il est dans ce parti qui pue la défection c'est bel et bien un Lorrain. J'apprécie ta logique Gisèle.

- Que d'émotion...En tout cas le petit n'a rien et ne semble pas du tout choqué. Pauvre petit...

- Moui. Il doit avoir faim. Il a toujours faim, il mangerait n'importe quoi. Où as-tu déposé notre nourriture ?

- La nourriture...euh...héhé...euh...je l'ai...perdue...

- QUOI ?!

- Ben vi. Quand j'ai vu cet homme se jeter sur vous j'ai eu très peur et j'ai lâché toute la nourriture dans le fossé à côté pour prendre Vincenzo dans mes bras et fuir...et j'ai oublié de vous dire de la prendre...je suis désolée.

Non mais attends ?! Tu te rends compte qu'on a plus de réserve de nourriture ? On est trois ! Et il n'est pas prévu que l'on s'arrête longuement pour récupérer de l'argent avant Sémur ! Tant pis, on va se priver un peu pour Vincenzo. Tss...je te jure tu es vraiment une tête de linotte parfois ! On doit aussi payer les auberges...j'espère pour toi qu'on aura assez !

- Je suis si désolée...vraiment désolée...si vous voulez vous n'aurez qu'à retenir de l'argent sur mon salaire pour une si grosse erreur...

- Tu ne vas pas avoir le choix. On fait ceinture jusqu'à Sémur. On prendra le strict minimum à Vesoul, Langres et Dijon. Pas de dépenses inutiles. Bref, repartons, la route est longue encore.

[Flash back / OFF - Retour entre Dijon et Sémur – mais plus proche de Sémur quand même]

Les ventres gargouillaient mais les pieds continuaient de se passer les uns devant les autres pour arriver le plus rapidement possible à Sémur. Ah...Sémur...ville où la borgne avait grandit (enfin pas trop quand même, c'était une Ambroise) avec sa sœur jumelle. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas remis les pieds dans cette ville, pas même la dernière fois où elle avait fait un tour en Bourgogne. La jeune femme comptait y rester quelques jours, assez pour gagner assez d'argent pour pouvoir repartir dans le BA.

Sur le chemins ils ne croisèrent personne et bientôt ils arrivèrent à Sémur. Les lieux n'avaient pas tellement changé mais la mémoire d'Ana lui faisait tout de même un peu défaut. Où étaient passées les tavernes ? Elle ne s'en souvenait plus du tout. Se grattant la tête, elle continua d'avancer toujours suivie par Gisèle avec Vincenzo dans les bras. Quelques minutes plus tard elle trouva son bonheur, une jolie auberge où elle comptait bien entrer et, en déposant quelques écus sur le comptoir, prendre une chambre ou deux.
Aimablement le tavernier lui répondit qu'il ne lui restait qu'une chambre mais que celle ci comportait deux grands lits ce qui pouvait leur convenir. Anaïs accepta et fila en vitesse dans la chambre. C'était assez sombre, pas foncièrement chaud mais suffisant pour les quelques jours qu'ils allaient passer ici.

A peine les affaires déposées, Ana s'avança vers Gisèle qui avait l'air bien épuisée. Malheureusement pour elle les efforts n'étaient pas totalement terminés. Il était encore tôt et il fallait bien l'occuper un peu d'autant plus que la Ambroise avait d'autres choses à faire.

- Gisèle, malgré la dernière bourde que tu nous a gracieusement faite, tu vas être chargée de faire quelque chose pour moi. Tu vas nous chercher un travail. Je te préviens tout de suite, hors de question de travailler à la mine, j'en ai ma claque des mines. Je ne veux pas non plus travailler dans un champ, ça ne rapporte pas assez pour tout le travail que ça demande. Tout le reste j'accepte, tu te débrouilles. Et pour toi prends ce que tu veux, tu te débrouilles.

- Dame Anaïs, si je peux me permettre, qu'allez vous faire pendant ce temps là ? Dois-je emmener Vincenzo pendant mes recherches histoire de vous décharger un peu ?

- Non non, il restera avec moi. Je dois écrire une lettre à ma mère, tu peux donc y aller, fais à ta guise Gisèle.

Sur ce, la nourrice fila en vitesse. Ana quant à elle défit les paquetages, déposa le petit garçon sur le lit pour qu'il se repose un peu et prit de quoi écrire.

Messages : 2 Date d'inscription : 06/01/2010

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Confuse, elle était vraiment confuse. Sa maitresse avait raison, elle n'était guère douée. Dame Anaïs était même trop bonne avec elle car malgré ses nombreux énervements elle ne l'avait jamais virée. Et pourtant elle avait pu...la borgne avait même eu une bonne raison de le faire récemment. Mais non. Au contraire elle lui confiait toujours diverses tâches et semblait lui accorder toute sa confiance. Après tout elle devait bien être douée pour quelque chose.

Trouver un travail. Non deux. Plutôt compliqué quand on avait jamais mis un seul orteil dans ce bled et encore plus avec une maitresse si exigeante. Avant de trouver un travail pour Dame Anaïs, Gisèle décida de se rendre à la mairie pour voir si quelques personnes cherchaient de la main d'œuvre. Seulement...où trouver la mairie ? Après maintes recherches pendant une bonne heure elle trouva enfin le bâtiment et se rendit compte qu'il n'était guère loin du lieu d'où elle était partie. Pas douée un jour, pas douée toujours. Qu'importe! La mairie était là et c'était bien le plus important.

La jeune femme se rapprocha du bâtiment et regarda le panneau d'affichage. Des offres d'embauches oui, il y en avait et plein. Des offres d'embauches intéressantes ? Aucune. On pouvait croire la nourrice poissarde jusqu'à la plus petite cellule mais que nenni. Gigi is lucky !
Au moment où dépitée elle s'en allait demander une place à la mine, un homme arriva pour placarder une nouvelle annonce. De ses courtes pattes la jeune femme regarda, de ses yeux aussi expressifs qu'une belette, le messire puis l'annonce, puis le messire une nouvelle fois. Fixant le bout de papier Gisèle vit que pour le travail à effectuer, la paye était plutôt bonne. Sans même faire très attention elle s'écria

- Messire ! Prenez moi ! Enfin euh embauchez moi ! Je suis qualifiée pour ce travail, je l'ai fait plein de fois en Lorraine, on doit bien procéder de la même manière en Bourgogne !

Gisèle ponctua sa phrase de son plus joli sourire histoire d'appâter le potentiel futur patron. Même si son charme était loin d'être ravageur cela avait finalement fait son effet et le paysan accepta. Salaire de 21 écus. On pouvait faire mieux mais c'était toujours mieux que rien. Les deux se mirent d'accord sur les conditions puis se séparèrent. Il ne lui restait plus qu'à trouver du boulot pour Dame Anaïs.

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Messages : 6 Date d'inscription : 11/04/2009 Localisation : Nulle part

Installée sur le petit bureau placé non loin du lit, Ana avait entamé sa lettre. De peu. Elle ne savait pas vraiment quoi écrire à sa mère. A sa gauche Vincenzo ouvrait ses grands yeux comme émerveillé par le papier et la plume. La borgne avait remarqué son penchant pour la nourriture mais également pour l'écriture. Il n'avait qu'un an et demi mais semblait très attiré par l'apprentissage.
Il descendit du lit et d'une démarche mal assurée et s'approcha de sa mère qui avait bien compris ce qu'il souhaitait faire. Ana l'assit sur ses genoux et reprit la plume dans sa main.

- Tu m'aides à écrire à grand-mère ?
- Vui !

Après quelques minutes Ana avait terminé sa lettre, Vincenzo toujours sagement assis sur ses genoux, captivé par les mots

Spoiler:

La lettre fermée, Ana tourna la tête en direction de la fenêtre. Le temps était assez beau, le soleil hivernal pointait le bout de son nez. Il faisait certes un peu frais mais elle n'aurait peut être pas d'autres occasions d'aller au pigeonnier et de se balader dans Sémur.

- Et si on allait faire une promenade ?
- Vui !!

Ni une ni deux, le petit garçon sauta des genoux de la jeune borgne et se précipita sur ses petites affaires. Devant tant d'enthousiasme Anaïs ne put réprimer un sourire.

- Hep' ! Deux minutes jeune homme, on va laisser un petit mot à Gisèle avant de partir.

Un petit bout de parchemin, quelques coups de plumes et quelques mots plus tard, la Ambroise laissa un mot sur la table

Citation :: Nous sommes partis nous balader, profites-en pour te reposer si tu veux, nous ne tarderons pas.

Anaïs

Parés pour braver l'air frais, Ana et Vincenzo sortirent de l'auberge et se dirigèrent vers le pigeonnier. Elle se souvenait vaguement où il se trouvait mais ils n'étaient pas pressés, ils pouvaient toujours chercher un peu. Sa mémoire ne lui avait pas fait défaut et ils se retrouvèrent rapidement devant le pigeonnier

- Zouazô !

Oui, les pigeons sont des zouazÔ en langage vincenzozien. Ce petit ira loin, très loin. En attendant il était fermement accroché à la jambe d'Ana, en train de fixer les nombreux pigeons. Délicatement la Ambroise ouvrit la volière et prit un pigeon. Avec habilité elle accrocha la lettre et le laissa s'envoler en direction de Montbrisson. Puis tous deux revinrent sur le pas et Ana en profita pour acheter à manger pour Vincenzo dans la première boulangerie qu'elle vit.

Allant un peu plus vers la forêt, Ana décida de faire une pause et de s'assoir sur un carré de verdure, bien qu'un peu gelé. Pendant que Vincenzo dévorait son morceau de pain, Anaïs regardait les environs. Finalement rien n'avait changé, seule la mémoire avait effacé les lieux. Malgré cela, elle n'éprouvait pas l'envie de s'installer ici, ou même de passer un temps trop long dans cette ville.
Plongée dans ses pensées elle fut tirée de sa rêverie par Vincenzo qui avait encore faim. Un vrai ventre sur pattes celui là ! Une véritable copie de sa tante avec qui il s'entendrait merveilleusement bien. En le regardant elle croyait presque voir Mellyssa qui lui manquait tant. Pourtant il était hors de question de céder à la mélancolie, elle avait décidé de partir, et ce choix ne se discutait plus.

Messages : 3 Date d'inscription : 09/01/2010

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[ A Sémur ]

Souffle froid. Viktoriya venait tout juste de sortir de l'église qu'une fraiche bise vint souffler sur ses jolies joues roses. L'hiver s'était aussi installé à Sémur comme dans tous le royaume. Mais l'hiver n'était rien pour cette jolie petite fille de l'est.

Huit ans et demi et pourtant elle en paraissait beaucoup plus. Elle était très grande, avait un visage rond décoré de deux billes bleues vertes et une longue chevelure rousse et ondulée. La petite fille adorait par dessus tout les robes et ses baluchons en étaient remplis. Son rêve était d'être noble, elle qui passait son temps sur les chemins et de couvents en couvents, et d'avoir la garde robe qui allait avec ce statut. Pour se donner un aspect élégant Viktoriya s'amusait même à modifier ses robes en utilisant habilement des bouts de tissus récupérés par ci par là.

Depuis quelques jours elle était à Sémur. Étant tout à fait seule elle avait comme toujours trouvé refuge chez les nonnes chez qui elle apprenait nombre de choses. Elle se passionnait pour les études et dès qu'elle le pouvait la rouquine plongeait son petit nez dans les livres du couvent. Aujourd'hui elle avait décidé de prendre l'air dehors et de mieux visiter les environs même si elle l'avait déjà fait en arrivant. Le village était charmant, de même que ses habitants.

En marchant elle vit une femme aux côté d'un petit garçon. L'enfant semblait adorable avec sa petite bouille et ses cheveux noirs en bataille. S'approchant un peu elle vit que la femme portait un cache sur son œil gauche et que ses cheveux étaient blancs. Pourtant elle ne paraissait pas âgée, au contraire ses traits étaient fins et semblaient jeunes. Attendrie par la scène et curieuse de rencontrer ce qui semblait être de nouveaux arrivants elle s'avança vers eux.

- Bonjour Dame ! Comment allez vous ? Je me présente, Viktoriya.

Espérant ne pas être trop mal accueillie elle s'autorisa à s'assoir en face d'eux et continua tout en étant aimable à leur parler

- Comment s'appelle ce petit bonhomme ? Il est mignon. Vous êtes de Sémur ?

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Anaïs continuait de regarder Vincenzo lorsqu'une voix douce l'interpella. Devant elle se trouvait une petite fille qui finalement ne l'était pas tant. A vu de nez la jeune fille était même plus grande qu'elle ! La chanceuse, cette gamine serait très grande une fois adulte et n'aurait alors pas à regarder les gens d'en bas mais plutôt d'en haut. La borgne en était presque blasée.

La petite fille était tout de même mignonne tout plein. Décidément la Ambroise attirait les enfants en ce moment ! Étant d'une humeur que l'on pouvait qualifier de bonne, Ana répondit avec le sourire à la petite rouquine.

- Bonjour. Je vais bien merci et enchantée de te rencontrer Viktoriya. Pour ma part je m'appelle Anaïs et ce petit bonhomme est Vincenzo.

La blanche marqua un temps. La « petite » était curieuse et elle aussi. Ana trouvait bizarre de voir une petite fille sans aucune surveillance même si elle paraissait mure. Plusieurs questions lui vinrent alors à l'esprit

- Non nous n'habitons pas à Sémur. A vrai dire nous voyageons, Vincenzo, Gisèle sa nourrice et moi, nous restons un peu le temps de trouver du travail pour gagner quelques écus. Et toi ? Es-tu Sémuroise ? J'ai grandit ici mais ça faisait longtemps que je n'étais pas venue. Où sont tes parents ? Par un froid pareil c'est un peu dangereux de sortir seule...

En recueillant Vincenzo la jeune femme était devenue une vraie mère poule toujours prête à faire attention au petit garçon. Aujourd'hui elle avait découvert à son grand étonnement qu'elle faisait ça aussi avec les autres enfants.

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A son grand soulagement la gamine ne vit rien chez la femme qui montrait une quelconque animosité. Elle était même aimable et agréable ce qui toucha Vik. La questions d'Anaïs l'amusèrent un peu elle qui venait du froid. Mais poliment elle répondit

- Non je ne suis pas Sémuroise. Je ne suis ici que depuis quelques jours. En fait, je voyage de villes en villes, seule, et depuis longtemps.

Lentement elle baissa la tête, prit une inspiration et poursuivit

- Mes parents sont morts. Ils étaient russes et ils ont été tué par des barbares. Quelqu'un m'a sauvée et m'a laissée chez des gens. Sauf qu'ils n'était pas gentils et j'ai décidé de m'enfuir. Du coup je vais dans des couvents pour être en sécurité et puis comme ça je peux lire tout plein de livres ! J'adore lire ! Mais...euh...vous comprenez que j'ai pas peur du froid ! Je suis russe ! Dites Dame Anaïs, vous allez où ?

Quand elle pensait aux livres un large sourire se dessinait sur son petit visage. Réajustant la robe verte au niveau de ses genoux et refermant mieux son manteau elle reprit

- Vous avez dit que vous cherchez du travail, moi je sais où vous pouvez en trouver. A l'église ils cherchent des gens qui savent écrire pour les aider à copier des archives. Si vous ne trouvez pas de travail allez leur demander.

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En écoutant Viktoriya, Ana se rendit compte que la petite fille était très intelligente. Là où certains enfants de son âge ne pouvaient pas construire de phrases claires et dénuées de fautes, la rouquine s'en sortait bien. Quand la borgne entendit que cette dernière était d'origine russe, son sang ne fit qu'un tour et, en elle, des récits qu'elle avait entendu il y a longtemps revinrent.

- Tu es russe ? C'est une grosse coïncidence alors, je suis moi même d'origine russe, enfin, par ma mère. Elle a fuit pour les mêmes raisons que tes parents, juste un peu plus tôt il faut croire. J'aimerais tant y aller un jour, voir ce pays dont on me parle si souvent et rapporter à ma mère ce qu'il est devenu. En tout cas je suis sincèrement désolée pour tes parents.

Soudain, la jeune femme eu une idée. Une grosse idée même. Peut être un peu folle d'ailleurs mais la borgne avait les neurones qui gelaient petit à petit. Après tout cette idée n'était peut être pas si débile. Viktoriya n'avait plus de famille et voyageait tout à fait seule alors qu'elle ne devait pas avoir plus de dix ans. Rien ça n'aurait guère couté plus à Ana de la recueillir elle aussi. D'autant plus qu'elle avait visiblement l'air d'être intelligente et cultivée, elle ne serait par conséquent pas une espèce de boulet comparée à Gisèle qui malgré tout était indispensable. Il fallait en revanche convaincre la petite fille...

- Dis moi Viktoriya, nous partons vers la Bretagne, que dirais-tu de nous accompagner ? Tu serais avec moi, Vincenzo et Gisèle qui est très gentille. Je ne te force à rien, tu es libre de choisir. En attendant nous devons retourner à l'auberge retrouver la nourrice. Si tu veux accompagne nous, tu la rencontreras et tu feras ton choix. Il faut que je passe ensuite à l'église pour voir s'ils cherchent toujours quelqu'un.

Tout en terminant sa phrase Ana se releva et tendit les mains vers Vincenzo et Viktoriya pour que tous deux se relèvent et attendit la réaction de la « petite ».

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La discussion était forte intéressante. Mais soudain elle prit un intérêt plus fort encore. Cette femme qu'elle ne connaissait ni d'Ève ni d'Adam lui proposait de l'accompagner dans son voyage. Peut être n'aurait elle pas donné réponse à cette proposition si la femme n'avait pas du sang russe dans ses veines tout comme elle. En apprenant ceci Viktoriya se sentit automatiquement plus proche de la borgne. Elle eu un pincement au cœur et tendit que son cerveau bouillonnait pour donner une réponse convenable et qu'elle ne regretterait pas, son visage restait impassible. La petite rouquine triturait en même temps ses jupons et finalement réussit à ouvrir la bouche pour répondre

- Ahem. Ça me fait plaisir, vraiment. Je...n'ai rien de prévu, enfin je ne sais pas quand je repars d'ici ni où. Donc pourquoi pas ! Et puis vous m'avez l'air si gentille et ce petit garçon si mignon que je crois que je ne peux pas refuser !

Vik s'imaginait déjà en Bretagne. Voir la mer serait quelque chose d'exceptionnel. Le voyage en lui même promettait d'être plaisant car il lui permettrait de connaître d'autres lieux qu'elle n'avait toujours pas vu. La rouquine appréciait tellement les rencontres, les nouvelles connaissances, qu'elle avait déjà hâte de partir sur les chemins. Tellement qu'elle se leva rapidement et s'avança vers Anaïs

- On y va ?

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Satisfaite. Pleinement satisfaite. Ana était contente d'accueillir cette jeune fille parmi eux qu'elle considérait presque comme étant déjà sa fille. Le moment était étrange car tout s'était fait si rapidement. Elle ne connaissait Viktoriya que depuis quelques minutes mais elle avait l'impression qu'elle était sa mère depuis toujours. La borgne ne savait pas du tout comment allait réagir Gisèle mais cette dernière n'aurait guère le choix et probablement pas voix au chapitre. C'était comme ça et puis c'est tout. Si Ana devenait chaque jour plus douce avec les enfants, les adultes, en dehors de sa famille, avaient rarement un traitement de faveur.

- Oui allons y

Ils n'étaient pas très loin des auberges. Anaïs espérait que Gisèle s'était reposée car elle avait remarqué que celle ci ne cessait de se plaindre lorsqu'elle était fatiguée, ce qui avait le don d'énerver la Ambroise. Néanmoins, pas d'énervement à l'horizon. L'église pouvait très bien embaucher tout le monde si besoin.

Quelques minutes plus tard, Ana, Viktoriya et Vincenzo arrivèrent à l'auberge. Il n'y avait pas plus de monde qu'à leur départ. Retour dans la chambre, personne. Se demandant où était passée la nourrice, Ana dit à Viktoriya de rester sagement dans la chambre avec Vincenzo et descendit. Le propriétaire de l'auberge était en train de faire le ménage, sans plus tarder elle s'approcha de lui.

- Désolée de vous déranger mais...vous n'auriez pas vu la femme qui était avec nous tout à l'heure ? Une jeune femme châtain...des cheveux longs....tout ça ?
- Euh ? Nan pas vu.
- Humpf. Merci quand même.

En retournant dans la chambre la borgne défit son manteau et celui de Vincenzo et s'assit sur l'un des deux lits. Puis elle s'adressa à Viktoriya

- Installe toi, je pense que Gisèle ne devrait pas tarder, du moins je l'espère.

Messages : 2 Date d'inscription : 06/01/2010

* Long soupire *

Que de galères...pas loin d'une heure et demie après avoir trouvé son travail, Gisèle recherchait toujours un second boulot pour sa maitresse. Mais elle n'avait rien trouvé. Rien mis à part travailler à la mine chose que la borgne refusait de faire ce qui n'arrangeait pas son cas.

Si au moins elle connaissait des gens dans le coin...ça aurait peut être été plus facile...mais ce n'était malheureusement pas le cas. S'apprêtant à se faire massacrer sur place elle décida de rentrer à l'auberge. Elle avait conscience qu'à peine le pied posé dans la chambre elle allait mourir sous la colère de sa maitresse. Plus elle se rapprochait de l'auberge plus elle se disait qu'il valait mieux pour elle démissionner. Gisèle était une incapable mais surtout une incapable irrécupérable. Du moins elle s'en persuadait.

Devant la porte de la chambre. Des bruits. Devait-elle frapper ? Entrer directement ? Ouvrir la porte et dire tout de suite que son boulot n'était qu'à moitié fait ? Peut être que frapper puis entrer sans rien attendre et dire tout de suite que son boulot n'était qu'à moitié fait était une bonne solution. Alors, elle prit une inspiration puis...

- DAME ANAIS ! PARDONNEZ MOI MAIS...

A cet instant, la nourrice vit une tête inconnue ce qui ne manqua pas de la déconcentrer. Ainsi elle reprit plus doucement

- ...mais je n'ai pas trouvé d'emploi pour vous. J'ai bien trouvé quelque chose pour moi mais rien qui pourrait vous convenir. Je suis sincèrement désolée je suis vraiment idiote et gourde.

Gisèle baissa la tête. En l'absence de l'inconnue rousse elle aurait probablement fondu en larmes. Mais elle se retenait histoire de garder un semblant de dignité bien que celle ci était chaque fois plus amochée. La nourrice n'osait pas lever la tête de peur de voir la colère d'Anaïs qui, selon elle, serait plus terrible que d'habitude.

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