[rp][Drasnie] Le jour où le mauvais s'excusa d'être encore là !

Messages : 33 Date d'inscription : 28/08/2008 Localisation : à sa recherche...

Décidément, ne saurais-tu donc pas te battre pour que tous accourent ainsi à ton secours ?

S'adressant à la femme qui venait de s'interposer, elle lui dit :

Dégage de là et il ne te sera fait aucun mal, c'est une affaire entre elle et moi. Qu'elle me montre donc cette fameuse différence qui a faite préférée de Stragen ! Car en tout cas, cette différence n'est probablement pas le courage !

Voyant Zhaïa se relever, Mélisse esquissa un sourire. Son sourire s'agrandit encore plus quand la douanière se mit à marcher vers elle.

C'est bien catin, marche donc, active ta circulation sanguine, tu n'en accélèreras que plus ton trépas...

Le bras de son adversaire fendit l'air avec sa lame. Mélisse tenta d'une pirouette d'esquiver l'arme... Trop tard !
Le fer avait mordu son propre bras. La Drasnienne tressaillit mais n'en lâcha pas pour autant son arme, la faisant simplement passer dans son autre main : elle était ambidextre.

Sais-tu seulement combien m'a coûté cette veste ? ragea-t-elle.

Puis elle explosa de rire en regardant sa dague et ajouta plus sérieusement :

Profite de tes derniers instants Zhaïa... Car ils sont rendus peu nombreux... sauf que tu ne le sais pas encore... N'as-tu pas senti ?

La tueuse fit alors passer sous son nez la lame de son arme fétiche.

Oh ? Aurais-je oublié de te la présenter ? Belladone n'étant plus... Voici Immortelle, ma nouvelle dague. Je l'ai nommée ainsi en souvenir de sa soeur quasi jumelle* et à celui de la colère que je voue à Stragen, une colère qui sera éternelle ! Mais j'ai bien peur qu'il n'en soit pas de même pour toi...

Mélisse papillonna des cils, un semblant de moue attristée ornant son visage.

*~*~*~*~*~*~*~*~*

*[hrp]pour info, dans le langage des fleurs :
- Mélisse signifie : "j'ai peine à maitriser mon amour"
- Belladone signifie : "je porte malheur"
- Immortelle signifie : "regrets éternels divers, douleur qui ne s'éteindra pas."[/hrp]

Messages : 59 Date d'inscription : 23/08/2008 Localisation : Âme errante...

... Mélisse chancela sous le coup. Elle porta la main à son épaule. Le cuir l’avait protégée partiellement de la lame. Des lambeaux de chemise ensanglantée paraissaient. L’attaque avait été cinglante mais fort heureusement pour Mélisse, Zhaïa n’avait pas appuyé son coup.

« Nous voilà donc à égalité… »

Zhaïa affichait un petit sourire satisfait malgré sa blessure à la cuisse qui la lançait. La plaie continuait de saigner. Des picotements désagréables, sa jambe qui s’engourdit… Elle tapa du pied afin de chasser les fourmis. Une longue décharge lui arracha un grognement.

Mélisse la regardait d’un air mauvais. Sa jolie veste n’avait pas fait long feu. Sa blessure à l’épaule ne le gênerait guère, elle avait l’habitude de livrer des combats, et le dernier face à Eusaias avait été des plus durs qu’elle avait eu à mener. Elle aurait du mourir ce jour-là, sans le secours providentiel d’un chevalier déchu égaré. Eusaias avait bien failli y perdre la vie aussi…

Sa jambe la faisait souffrir, les picotements persistaient. Et cette plaie qui n’en finissait pas de saigner… Ses braies poisseuses lui collaient à la peau. La blessure était plus sérieuse qu’elle ne l’avait pensé. Pourtant, elle ne pissait pas le sang, comme elle l’avait parfois vu, lorsque la vie s’échappe à gros bouillons…

Zhaïa porta la main à sa cuisse. La plaie n’était pas belle à voir, pourtant pas si sérieuse… La jeune douanière avait pour habitude de recoudre son intrépide époux, de panser ses plaies avec des plantes aux vertus médicinales étonnantes, de lui faire ingérer potions et décoctions diverses, au goût infect mais aux effets salvateurs…

Une odeur écoeurante vint lui chatouiller les narines, comme de l’urine de chat ! De l’urine de chat ??? Une expression de dégoût passa sur son visage. Le cœur au bord des lèvres elle se retint pour ne pas rendre son déjeuner sur le champ…

Un voile noir commença à obstruer sa vue, serait ce la fin ? Son regard contempla le sol un moment. Un noeud à cheveux gisait là, les doigts de Stragen se refermèrent dessus, il le porta machinalement à sa truffe. Des images percutèrent sa mémoire, une jeune femme rousse au sourire ravageur et au regard rieur. Un prénom revient à ses oreilles, Enyz. Il se souvint ses mots doux, ses tendresses, sa bonté. Eusaias qu'elle l'appelait, mais Eusaias c'était l'autre, le faible, le juste. Il se souvint encore cette soirée en Taverne entre les deux douanières, Enyz et Zhaïa.

ZHAIA !

La douleur lui déchire à nouveau le ventre. Des gouttelettes de sueur plein le front, ils sont à Sémur, ils sont en danger. Le voile noir s'estompe, la douleur revient au galop.

Zhaïa recule !

Melisse est là, certaine de sa victoire. Il entendit parler "d'Immortelle" et de "Belladone" deux noms qui le font frémir. Il semblait impuissant, son corps le retennait prisonnier, agenouillé dans la terre, le noeud en main.

Messages : 59 Date d'inscription : 23/08/2008 Localisation : Âme errante...

« ZHAÏA ! Zhaïa recule ! »

Eusaias, l’appelait. Zhaïa le voyait, à genoux, impuissant, la vie s’enfuyant par ses entrailles. Constance était restée en retrait, ne sachant trop quoi faire… Reprenant ses esprits, elle désigna à son amie son sac tombé à terre.

« Constance, va aider Eusaias ! Prends ma besace, il faut lui porter secours, vite ! Il saura te dire quoi faire. Il doit rester conscient, à tout prix… Dis à Jusoor de retrouver l’arbalète !»

Rassurant la jeune bretonne d’un regard,

Ne t’inquiète pas pour moi…

Elle se retourna face à son ennemi et plongea ses yeux devenus presque noirs dans les siens.

« …Je n’ai pas peur de toi Mélisse ! J’ai plutôt pitié en fait. Tu n’es que haine. La jalousie t’étouffe ! Penses-tu vraiment que tes tourments prendront fin avec notre mort ?

Regarde toi !
Tu es perdue de toutes façons… La Gamberge grille en enfer, et le gros Platime va bientôt le rejoindre. Comme tu vois, nous avons des renforts. Tu ne pourras pas tous nous tuer ! Tu ferais mieux de poser ton arme et de te rendre. Tu auras droit à un procès… »

Messages : 33 Date d'inscription : 28/08/2008 Localisation : à sa recherche...

Ma parole... si la jalousie m'étouffe, pour ta part tu transpires la bêtise par tous les pores de la peau. N'aurais-tu donc rien compris à rien ?

Mélisse appuya du regard sur la blessure de la douanière. Cette dernière se mourait mais elle semblait encore l'ignorer. La Drasnienne avait rivalisé d'ingéniosité cette fois-ci et elle s'en félicitait intérieurement.

Il était ma vie... comme jamais un homme ne l'a été pour moi, même Kheldar après lui.

La tueuse plongea ses yeux emplis de douleur dans ceux de Zhaïa.

Il avait mon coeur en otage, l'emportant au loin avec lui, quand il m'a quittée. Depuis je n'ai plus fait que survivre.

Une larme roula du vert de son iris à la porcelaine de ses joues. D'un geste rageur elle effaça cette trace de vulnérabilité. Son coeur tressaillait, son coeur souffrait depuis des lunes...

Je peux bien mourir maintenant, plus rien n'a d'importance... Ma route est pavée et tracée jusqu'aux Erèbes, de salut pour moi il ne peut plus être question. Mon châtiment, quand je brûlerai éternellement dans les flammes des Enfers, sera allégé de savoir que je lui aurais rendu la pareille et qu'il souffrira à son tour mille tourments... Vivant à l'extérieur mais mort au dedans.

Mélisse baissa la voix et regarda le sol.

Ton corps va bientôt te sembler lourd... L'engourdissement que tu ressens présentement va gagner ton bassin, te paralysant. Tu t'écrouleras, impuissante... mais consciente de ce qu'il t'arrive. Ces fourmillements ne cesseront pas pour autant... ils s'attelleront bientôt à s'occuper de tes fonctions vitales respiratoires. Je suis désolée. Il aurait dû payer à ta place, je n'avais pas prévu qu'il se marierait. Tu feras partie de ce qu'on appelle, les dommages collatéraux... mais pour mon plus grand plaisir et pour sa plus grande horreur.

La tueuse remercia en pensées Balthazar, ce marchand mauresque qu'elle avait croisé un jour sur les routes d'Espagne... et qui possédait une plante qu'il lui fit découvrir : la cigüe. Poison mortel s'il en était.

Constance toisait l'adepte de cuir de haut en bas. Le regard de cette teigne sur Zhaïa trahissait sa haine et sa jalousie. Son petit rictus transpirait son envie de massacrer l'épouse d'Eusaias. Elle avait un corps à faire chavirer tous les hommes qui la voyaient, et mit ainsi en valeur, Constance pensait que d'un simple mouvement d'index, elle devait tous les faire accourir. Des catins elle en avait déjà vu mais celle là dépassait de loin toutes les professionnelles aux courbes exagérées réunies. Pourtant aucun homme n'accourait vers elle, aucun index ne se levait et aucune pose affriolante n'était adoptée. Elle était simplement face à deux femmes qui n'avaient qu'une envie, la mettre à terre et l'achever.

Lorsqu'elle vit Constance pointer le bout de sa frimousse et dit à Zhaïa...

Décidément, ne saurais-tu donc pas te battre pour que tous accourent ainsi à ton secours ?

...Constance pensa "soutien", "amour", "fidélité", "amitié"... Toutes les raisons pour lesquelles on pouvait accourir de la sorte auprès d'un proche ainsi menacé mais elle ne dit rien, elle n'avait aucunement le plaisir ou l'envie de lui enseigner une notion qui devait indubitablement lui échapper.

Dégage de là et il ne te sera fait aucun mal, c'est une affaire entre elle et moi.

A ces mots et sans en prononcer aucun, l'ex-guerrière qui faisait tourner la poignée du couteau dans sa main, fit un pas vers la tueuse, sourire léger et tête penchée semblant dire "plait-il ?" Au même moment Zhaïa brandit son épée touchant la rosse au bras qui ne manqua pas d'éclater de rire à ces propres reflexions. Constance n'écoutait pas ce qu'elle disait mais elle admirait sa dextérité à manier arme et intimidation lui rappelant vaguement sa Mallorie pourtant imbattable à ce jeu là et rappelée trop tôt par ses ancêtres. S'en suivit une présentation en bonnes et dûes formes des différentes armes de la Dame. Constance appréciait les présentations bien faites. Constance appréciait aussi beaucoup les gens qui donnaient des noms à leurs armes. Elle qui avait eu toutes les épées bretonnes en ses mains qu'elle faisait tomber, qu'elle perdait, qu'elle lançait, qu'elle échangeait... Elle qui avait même dû tuer quelques françoys avec l'une des leurs... hey ! on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a... C'était d'ailleurs sans regret aucun qu'elle avait jeté ses armes aux pieds de son commandant avant de quitter son pays. Alors qu'on puisse nommer et ainsi chérir un objet donnant la mort lui était simplement ridicule. Heureusement elle n'avait aucune idée que son Eusaias faisait de même avec sa 'Victoria' ou gare aux moqueries. Cette femme qui devait bien manquer à l'heure qu'il était à sa maison close avait décidément tout pour lui plaire.

Zhaïa donna un coup de pied au sol. Inattendu... impatiente, on aurait dit, d'en finir. Constance vit le sang couler de la jambe de son amie mais la blessure ne paraissait ni profonde, ni pénalisante dans ce duel. Eusaias poussa de nouveau un cri que Constance approuva d'un signe de tête. Oui Zhaïa ne devait pas rester là, la haine que dégageait son assaillante était bien trop personnelle et lui donnait un avantage qu'elle ne méritait pas. Mais ses pensées furent coupées par Zhaïa elle-même qui lui demandait à son tour de la laisser.

Constance, va aider Eusaias ! Prends ma besace, il faut lui porter secours, vite ! Il saura te dire quoi faire. Il doit rester conscient, à tout prix… Dis à Jusoor de retrouver l’arbalète !

Soutien, amitié, entraide... ? Il y avait des notions qui se perdaient... ou certaines choses à certains moments devaient avoir lieu entre certaines personnes... mais cette notion là échappait complètement à Constance qui secoua la tête.

Non ! tu es blessée et je ne sais pas soigner les gens. Toi va le SAUVER !

Elle avait espéré convaincre ainsi son amie de lui abandonner ce combat en évoquant l'état de son amour mais rien n'y fit. Zhaïa lui adressa un rapide regard. Ce genre de regard emprunt d'affection, de détermination et de persuasion à la fois. Ce genre de regard qu'on comprend immédiatement et auquel on ne peut s'opposer.

Ne t’inquiète pas pour moi…

Constance regardait son amie et comme encouragée contre sa volonté, elle fit très lentement sans réflechir, un pas en arrière. Puis deux, devinant toujours la silhouette de la tueuse sans même la regarder, se préparant à parer une éventuelle surprise venant de sa part. Puis trois et Zhaïa faisait de nouveau face à la Drasnienne la dévisageant presque. Constance savait au fond d'elle, qu'elle ne devait pas la laisser. Cette sommation de Zhaïa n'était dictée que par pure fierté. Elle avait été defiée par l'ancien amour d'Eusaias (comment avait-il pu...?) et ne voulait que personne n'entrave ce combat singulier. Constance le savait... Bêtise que ces duels de rivalité. Elle le savait mais elle comprenait. Elle regarda Zhaïa, blessée mais plus que jamais prête à affronter une fois pour toute cette créature au corps de rêve mais au cerveau bien abîmé et donnant un coup de pied dans la terre, tourna les talons pour rejoindre Eusaias.

Messages : 59 Date d'inscription : 23/08/2008 Localisation : Âme errante...

La jeune douanière soupira. C’était peine perdue que d’essayer de raisonner Mélisse. Pourtant cette larme essuyée rageusement trahissait sa vulnérabilité. Cette haine qui faisait sa force était aussi sa faiblesse.

Zhaïa aurait dû aller secourir Eusaias, mais elle ne le pouvait simplement pas. Mélisse ne la laisserait pas partir, elle voulait sa tête et ne laisserait pas Constance se mettre en travers de son chemin. La Drasnienne était bien trop dangereuse pour que Zhaïa la laisse combattre à sa place. Non qu’elle doutât de l’habileté de Constance au combat, mais Mélisse n’avait rien à perdre. La blessure à la cuisse de Zhaïa n’était pas mortelle car elle l’avait voulu ainsi. Elle voulait la voir mourir à petit feu, qu’Eusaias crève de douleur à assister impuissant à la mort de sa femme, de la main même de son ex-maîtresse. Mélisse ne laisserait aucune chance à Constance, elle la tuerait froidement et rapidement. C’était sa spécialité.

L’affaire était toute autre pour Zhaïa, qu’elle exécrait au plus haut point. La Drasnienne ne comprendrait jamais pourquoi Il s’était amouraché de la sémuroise qui semblait si prude, si banale, si…

Vois-tu Mélisse, tu ne me connais pas… Tu ne sais absolument rien de moi !

Crois-tu que je porte une épée pour faire joli ? Je n’en ai certes pas le même usage que toi, puisque je suis de l’autre côté de la barrière, du côté de la justice et de la loi.

J’ai l’habitude des brigands de tout poil, j’en ai connu des tas, et de la pire espèce… Et je suis encore là, devant toi, aux portes de Sémur… Je sais parfaitement ta valeur, mais toi ne me sous-estime pas…

Je crois Mélisse que tu ne réalises pas très bien ce qui arrive. Eusaias est en train de mourir, sous nos yeux… Et s’il meurt, tu mourras en même temps que lui. Une fois accomplie, cette vengeance qui te fait vivre depuis tout ce temps n’aura pas la saveur attendue. Elle ne te libérera pas…

Chaque minute écoulée rapprochait Eusaias de son dernier souffle. Zhaïa espérait un miracle, convaincre Mélisse d’abandonner, accrocher cette infime partie enfouie au plus profond…

Accepte ta défaite ! Accepte de renoncer à Eusaias ! Straggen n’est plus. Laisse-moi porter secours à mon époux, et je te laisserai partir. Je te donne ma parole qu’aucun d’entre nous ne cherchera à te poursuivre...

Je sais que tu ne veux pas qu’il meure…

chuchota t-elle, plongeant son regard franc dans l'émeraude de Mélisse
Elle baissa son épée, pointée au sol, gage de sa volonté à cesser le combat...

Soudain pâle comme un linge, la douanière fut prise de vertiges, elle tituba et se retint avec son épée pour ne pas tomber. Cette nausée persistante… Sa jambe engourdie…
Portant la main à son front, elle essuya la sueur qui menaçait de lui brûler les yeux. L’écoeurante odeur de pisse de chat lui revint en plein nez. N’y tenant plus, elle se détourna pour vomir…

Messages : 33 Date d'inscription : 28/08/2008 Localisation : à sa recherche...

De leurs regards elles s'affrontaient, de leurs yeux, elles se jaugeaient. Zhaïa avait raison, Mélisse n'avait jamais voulu que Stragen meure à moins que ce ne fut de sa main propre. Et encore, dans pareil cas, elle aurait souffert le martyr. Non, dans la situation présente, elle voulait qu'il reste en vie. Sa vengeance ne pouvait s'accomplir que par la mort de l'épouse et la survie de l'époux.

Va... Va le rejoindre et soigne-le tant que tes forces te le permettent encore. Ne comprends-tu pas que tu t'éteins ? Ne comprends-tu pas que je t'ai DÉJÀ tuée ?

Mélisse haussa les épaules.

A le soigner, tu feras mon jeu. A le sauver, tu me rendras un fier service. Alors va... Oui, va donc !

La Drasnienne la regarda, redressant buste et tête, ne cherchant plus à cacher les larmes qui lui embuaient les yeux.

Je te l'ai dit, je n'attends plus rien de cette vie, ni salut, ni pardon. Il m'a condamnée le jour où il m'a quittée. Je ne te sous-estime pas Zahïa. Par la colère de Kheldar, je suis capable de la pire des bêtises - comme celle d'avoir offert mon coeur à un homme qui ne le méritait pas - mais jamais je n'ai sous-estimé un adversaire et c'est ce qui fait que moi aussi, je me tiens là, debout devant toi aujourd'hui.

C'est alors que l'épouse de son ancien amant se retourna, prise de nausées. La tueuse aux yeux de glace, la tueuse la plus célèbre et la plus efficace de la Drasnie réprima un sourire triste. Elle détourna le regard, se raccrochant au visage tordu de douleur de son ex-amant qui assistait impuissant à la déchéance de son épouse. Du bout des lèvres elle lui articula : "CI-GÜE"... puis elle lui murmura :

tu n'aurais jamais dû... tu m'as fait si mal...

Jusoor avait regardé la bougresse de Constance se relever et se diriger vers Eusaias, puis Zhaia.
Les bourdonnements à ses oreilles ne cessaient pas et étrangement la terre tournait. Combien de minutes s'étaient écoulées depuis sa chute ?

Elle sentit l'objet dans sa main et posa un regard dessus... le stylet. Ju haussa les épaules et le rattacha tout de même à son poignet, maladroite.

Elle tenta tant bien que mal de se lever et après deux essais infructueux qui l'avaient fait jurer, réussit enfin à se tenir sur ses jambes.

Ju porta une main à sa tête où le sang semblait cogner plus fort et douloureusement. Une protubérance l'accueillit et la fit grimacer.

"Arf ! "

Elle posa ensuite les mains sur ces oreilles pour faire cesser ce bourdonnement qui la rendait folle. Elle voyait les combats au loin dans un demi nuage, dans un monde iréel. En balayant la scène des yeux elle remarqua le monstre puant au sol près de son Maître.

Elle tituba jusqu'à un Eusaias méconnaissable agenouillé au sol. Elle s'assit près de lui, cet inconnu, mais ne lui dit rien, ne sachant que faire ou que dire pour le rassurer. Seul son regard posé sur lui trahissait sa plus grande inquiétude.

Messages : 59 Date d'inscription : 23/08/2008 Localisation : Âme errante...

Respirant avec difficulté, elle se redressa, teint de cire, éclat fiévreux de ses yeux redevenus gris clair. Mélisse avait cédé ! Le miracle avait finalement eu lieu. Zhaïa sonda le regard de son ennemie. Nulle trace de haine, seule la douleur et la certitude d’avoir déjà remporté la victoire. Nulle jubilation…

« Profite de tes derniers instants Zhaïa... Car ils sont rendus peu nombreux... sauf que tu ne le sais pas encore... N'as-tu pas senti ?

Oh ? Aurais-je oublié de te la présenter ? Belladone n'étant plus... Voici Immortelle, ma nouvelle dague. Je l'ai nommée ainsi en souvenir de sa soeur quasi jumelle* et à celui de la colère que je voue à Stragen, une colère qui sera éternelle ! Mais j'ai bien peur qu'il n'en soit pas de même pour toi..."

Les paroles de la tueuse résonnaient. Un dernier regard pour Mélisse, on pouvait y lire la gratitude du condamné à mort auquel on accorde une dernière volonté.

La jeune sémuroise venait de comprendre le sens de ces mots. Ce qu’elle savait des plantes, elle le devait à son cher cousin Noegor et l’une des premières choses qu’il lui avait enseignée était les propriétés de la ciguë, ou plutôt des ciguës. Car il en existe trois sortes : la grande ciguë, la petite ciguë et une troisième qui vit dans l’eau. Toutes sont toxiques, et l’une d’elle dégage une forte odeur d’urine de chat…

La jeune douanière avait entendu parler de cas d’empoisonnement à la ciguë par ingestion, quelques pauvres gens la confondant parfois avec du persil. Les effets étaient-ils les mêmes lorsque le poison entrait directement par le sang ?

Offrant son dos à son ennemie, Zhaïa se retourna et se dirigea claudiquant vers son époux. Elle pouvait peut-être encore le sauver… Assise auprès de son maître, Jusoor était blême, une vilaine bosse à la tête, tandis que Constance avait entrepris de vider le contenu du sac de la sémuroise.

S'agenouillant face à celui qu'elle aimait plus que tout, elle posa son épée à terre. Tentant vainement de maîtriser la boule qui montait de son ventre vers sa gorge, les yeux emplis de larmes, elle prit sa tête entre ses mains et l'appela doucement :

"Eusaias... Eusaias, tu m'entends ?..."

La tête tournait de plus en plus vite, le froid envahissait son corps peu à peu. Ses yeux toujours rivés sur le duel de son épouse, il avait pu lire sur les lèvres de la drasniène "ciguë". Empoisonnée, son épouse était empoisonnée. Il fronça le front empli de fureur. Une main se posa sur lui, le sortant de sa torpeur. Jusoor, sa fidèle "élève" était encore là, toujours à ses côtés. Il lui sourit pour la rassurer, sans doute était ce inutile, son sang s'échappait de sa plaie.

"Eusaias... Eusaias, tu m'entends ?..."

Les mains sur son visage étaient celles de Zhaïa cette fois. Il plongea son regard onyx dans ses yeux gris verts. Il lâcha porta à son tour sa main dextère sur le visage de sa mie, frôlant ses lèvres, étrange sensation que de la voir pour la première fois. Il revint à lui.

dans un souffle mourant :

"Zhaïa, le remède pour toi.... dis le moi vite... je t'en prie... je t'en conjure...."

Ses yeux restèrent accrochés aux lèvres de Zhaïa, il devait l'aider, la sauver. Une larme perla de son oeil et traça un sillon sur sa joue. Melisse gagnait une bataille, mais pas la guerre. Il la pourchasserait nuit et jours jusqu'à lui faire expier son dernier souffle.

Ju avait vu le sourire de son Maître, son regard de reconnaissance. Elle l'avait reconnu, il était bien lui.

Au bout d'une minute ou deux, elle perçut le son métallique d'une épée couchée sur le sol, puis les mains de Zhaia se posèrent sur les joues d'Eusaias. Ju leva les yeux sur cette femme chère à son coeur et vit à quel point cette dernière était blanche et douloureuse.

Elle comprenait sans les entendre les mots murmurés par une épouse à bout de forces à son tendre époux.

Des mots qui firent tressailler Ju quand elle vit la perle sur la joue de son Maître.

Avec pudeur, elle se leva, un peu moins chancelante que tout à l'heure et sortit de cette unité, avec ce sentiment d'être une nouvelle fois là où elle n'avait pas sa place.

Bouleversée, elle partit rejoindre la furie brunette, encore en train de faire des siennes.

Messages : 33 Date d'inscription : 28/08/2008 Localisation : à sa recherche...

Zhaïa avait pris le risque de tourner le dos à Mélisse pour tenter l'inespéré. La tueuse l'avait laissée faire. Le mal était fait, le poison coulait en ses veines, inutile de perdre temps et énergie à finir le travail. Elle souffrirait effroyablement avant de périr... et la douleur de Stragen en serait d'autant plus grande.

Rangeant Immortelle dans la ceinture de ses braies, elle réajusta sa veste, les manches de son chemisier et replaça une mèche de cheveux derrière son oreille. L'heure de s'éclipser avait sonné, elle ne voulait pas assister au spectacle affligeant du pitoyable débordement d'émotions qui allait suivre le trépas de Zhaïa.

L'espace d'un instant, elle aurait pu regretter... regretter de passer sa vie à faire le mal... regretter d'avoir passé les dernières années à la recherche d'un homme qui ne l'aimerait plus jamais quoi qu'elle puisse faire pour se racheter à ses yeux. Puis elle se rappela le combat d'acharnés qu'ils avaient livré près de Briançon... Son séjour prolongé dans l'eau après un mauvais coup sur la tête et aussi vite, la douleur ravivée au souvenir reprit place.

Il avait eu ce qu'il méritait, pas comme Kheldar l'avait demandé mais elle s'en fichait. Elle était plus satisfaite de le savoir vivant les Enfers sur terre que mort et redevenu poussières.

Un coup d'oeil à droite vers le corps de Thomas lui fit naître un sourire d'approbation, un coup d'oeil derrière elle, sur sa gauche, lui fit naître un rictus de dédain. Tsss ce Thomas... quel menteur... A l'entendre Dark n'était plus... Mon oeil... Elle rua d'un coup de pied dans les cailloux du chemin :

Platime ! Arrête donc de jouer avec cette femelle et tue-là ! Par la colère de Kheldar, ce que je peux détester t'avoir dans mes pattes, tu passes ton temps à rater ton contrat !

Ni une ni deux, elle ne prit pas la peine d'aller lui prêter main forte et se mit alors à courir en direction de l'orée d'un bois tout proche, le vent lui cinglant le visage. Direction la Drasnie... direction "le père sifflard"... elle avait besoin de l'oreille attentive et complaisante de Bourdot pour s'y pencher, besoin aussi d'une bouteille de fée verte pour s'étancher.

Messages : 59 Date d'inscription : 23/08/2008 Localisation : Âme errante...

Douce sensation de sa main qui effleure ses lèvres, elle se perd un instant, une éternité dans son regard d’onyx. Les larmes contenues dans le lac de ses yeux franchissent l’invisible barrage et roulent sur ses joues d’albâtre. D’un baiser, elle emprisonne la perle scintillante venue s’échouer près des lèvres de son époux.

« Je t’aime et je crois en toi Eusaias… » murmure t-elle dans un souffle.

« Tu dois tenir bon, nous allons nous en sortir ensemble.
N’aie crainte, j’ai du temps devant moi, plus que toi certainement… Je ne connais pas de remède totalement efficace contre l’empoisonnement à la ciguë. En fait, tout dépend de la quantité utilisée, et de quelle partie de la plante on a extrait le poison… »

Elle se noyait dans d’inutiles détails mais cela l’aidait à reprendre pied.

« Eusaias, il faut t’allonger, que j’examine ta blessure. Jusoor, aide moi… Ton couteau s’il te plait… »

Avec moult précautions elles le couchèrent. Elle repoussa doucement les mains d’Eusaias et d’un geste assuré découpa la chemise ensanglantée autour de la flèche brisée.

« Laisse-moi voir… Il faut nettoyer la plaie , il faut de l’eau, toute l’eau que nous avons, du savon, des linges propres et de la gnole… Dans ma besace Constance… il faut faire du feu… »

Zhaïa réfléchissait à haute voix, s’adressant tantôt à Constance et Jusoor, tantôt à Eusaias. La jeune femme connaissait le secret de quelques plantes, mais elle n’était pas médecin. Elle leva les yeux vers Sémur, pourtant si proche…

« J’ai besoin de vin, du vin aigre de préférence… Quelqu’un en a ? Snell peut être ? A moins que Platime… Oui, Platime est bien le genre d’individu à traîner une bouteille de vinasse infecte… Il me faut un foie frais de lapin aussi… »

A mesure qu’elle s’organisait elle reprenait son sang froid. Malgré l’engourdissement qui la gagnait aux deux jambes, Zhaïa avait l’esprit clair, elle s’assit et allongea ses jambes. Fermant les yeux un instant elle inspira profondément plusieurs fois…

Eusaias se faisait manipuler avec soin et précautions par son épouse et sa protégée. Les deux femmes ayant le plus de valeur aujourd'hui étaient penchées sur lui, elles luttaient contre la mort qui tentait d'étaler son voile noir.

Il ne souffrait plus physiquement, mais il était mort moralement. Son épouse prenait soin de lui, alors que lui n'avait rien pu faire pour elle. Le dégout de sa propre personne hantait son coeur et sa tête. Constance venait à son tour preêer main forte, comment avait il pu s'être fait avoir la sorte.

Ses yeux onyx scrutaient le ciel, l'envie de faire le choix lâche de laisser partir sa vie lui trottait en tête. Mais ce ne fut pas son dernier choix, s'il mourrait il perdait Zhaïa et ça c'était pire que tout.

Zhaïa semblait de plus en plus mal, ses yeux étaient clos, elle respirait fortement.

" Zhaïa je t'en conjure... sauve toi avant. Sans toi la vie serait fade, je vais m'en sortir je te le promets...."

Il tenta de se redresser faisant fi de la douleur.

"Zhaïa dis moi comment sauver ta vie. Je t'en supplie... vis d'abord je me soigne ensuite. "

Platime ! Arrête donc de jouer avec cette femelle et tue-là ! Par la colère de Kheldar, ce que je peux détester t'avoir dans mes pattes, tu passes ton temps à rater ton contrat !

Un regard vers la tueuse qui prenait la fuite, un autre vers son couple d'amis grièvement blessés firent comprendre à Morgane que son heure avait peut-être sonné pour elle aussi. Platime allait probablement s'enfuir et à choisir, il tuerait plutôt la brunette que l'homme d'armes toujours inconscient avant de tourner les talons. La drasnienne avait visé juste : par deux fois Platime avait manqué Dark.
La première fois, par un concours de circonstances : elle s'était enfuie de la Drasnie avec l'aide de celui qui fut comme un père pour elle : Bourdot. Elle seule savait qu'il l'avait couverte, personne là-bas n'était au courant à part la Gamberge qui l'avait probablement déduit de la faveur que Bourdot lui avait demandée. Mais peu importait, il était mort désormais, ses lèvres par la mort scellées emportaient avec elles le secret. Elle avait donc fui, Platime et Stragen à ses trousses et, volant un jour une pomme sur un marché pour contenter un peu la faim qui lui tiraillait les entrailles depuis des jours, elle s'était faite prendre la main dans le sac... enfin du moins sur ledit fruit. Elle avait alors connu l'enfer des geôles du royaume, un enfer tellement plus doux que celui qu'elle avait vécu au service de Kheldar.
La seconde fois se déroula dans l'enceinte du village qu'elle croyait être son refuge. La Drasnie était venue, avait vu, mais n'avait point vaincu. Il s'en était pourtant fallu d'un cheveu, mais la pointe d'un stylet avait fait la différence. Jamais deux sans trois disait-on... Serait-elle aussi chanceuse une fois de plus ? Voilà qui allait se vérifier.

Mélisse a raison, finissons-en.

Ses yeux au bleu si clair s'assombrirent : l'expression de son visage se fit déterminée. En cet instant, passé, présent et avenir se mêlèrent.

Son oreille entendit comme venue d'outre-tombe la voix du Roy des Roys, l'asservissant dans un rire diabolique.
Sur la toile de ses paupières, elle revit les brimades et les coups reçus de la main de Mirtaï, tandis que le sage Bourdot la cachait et soignait ses bleus comme il pouvait avant que Stragen, devenu Eusaias, ne la ramenât à son triste sort.
Sa peau se souvint dans une vague de frissons écoeurés de la langue concupiscente que Platime passa sur son oreille, et de la main lubrique qu'il glissa sous son chemisier, arrachant ça et là quelques boutons.

Aujourd'hui, elle était autre, elle était épouse comblée et mère. Elle était tout simplement heureuse. Rien ni personne n'avait le droit de changer cela. Rien ni personne ne mettrait en péril le futur à venir : voir grandir sa fille que Thomas ne viendrait plus lui prendre et couler des jours paisibles auprès de son aimé.

Sa voix, devenue rauque, souffla dans un murmure :

J'aurais dû en finir en Briançon, quand tu m'en as donné l'occasion. Je ne faillirais pas deux fois. Approche Corniaud !

Sa main resserra sa poigne sous la garde de Demeter, réprimant les tremblements de son avant-bras dont les muscles fins se bandèrent aussitôt. Aurait-elle la force de plonger son épée dans les chairs de Platime s'il osait faire vers elle le pas de trop ? Seul Aristote avait la réponse...

Messages : 59 Date d'inscription : 23/08/2008 Localisation : Âme errante...

"Zhaïa dis moi comment sauver ta vie. Je t'en supplie... vis d'abord je me soigne ensuite. "

Zhaïa soupira, elle était au bord du gouffre, les vertiges et cette nausée persistante… La ciguë traçait son chemin dans ses veines. Il lui fallait se soigner maintenant, s’il n’était déjà pas trop tard. A défaut de vin aigre, elle se saisit d’une bouteille d’un des meilleurs crus de Bourgogne que Constance avait sortie de sa besace. Elle était déjà bien entamée, le nectar des Nuits Saint-Georges tenait toujours ses promesses… Portant le goulot à ses lèvres elle entreprit de la vider cul sec, maîtrisant à grand peine ses hauts le cœur. Elle se concentrait de toutes ses forces – l’esprit est plus fort que la chair, l’esprit est plus fort que la chair… Elle se le répétait, comme une litanie, une prière adressée au ciel.

Soudain, les beuveries en compagnie des Assoiffés lui revinrent en mémoire, les pintes alignées à ne plus savoir qu’en faire… Ce n’est pas la moitié d’une bouteille de vin qui allait lui faire peur ! S’interrompant afin de reprendre son souffle, elle croisa le regard interloqué d’Eusaias. La jeune douanière se mit à rire

"Non, je n’ai pas encore perdu la raison, rassure-toi. "

Elle pouffa de nouveau, l’ivresse du vin faisait déjà son office. Rappelant Jusoor, elle fixait l’arme que cette dernière portait au poignet :

Ju, ton stylet s’il te plait, vite…

Messages : 59 Date d'inscription : 23/08/2008 Localisation : Âme errante...

Un éclair vint lui chatouiller les yeux. La jeune femme éternua subitement. Un rayon de soleil accrochait une lame dans les fourrés, tout près ! Zhaïa blémit. Mélisse ? Et si elle était revenue sur ses pas pour finalement achever la sale besogne ?

Sa main accrocha son épée posée à terre, à ses côtés. S'en saisissant fermement, elle prit appui sur sa main libre pour se relever, prête à en découdre... Et retomba lourdement sur son séant, ses jambes ne la portant plus. Le poison gagnait du terrain à mesure que le temps s'écoulait. Bientôt elle ne pourrait plus bouger du tout.

Etendu auprès d'elle, son époux continuait de perdre son sang. La colère et la rage bouillonèrent de nouveau dans ses veines. Et Jusoor qui ne réagissait pas ! Elle la regardait comme hébétée, son stylet pendant lamentablement à son poignet.

Au nom du ciel, Ju !!! Réveille toi !

Ae partit le plus vite possible en direction de Savigny

Messages : 59 Date d'inscription : 23/08/2008 Localisation : Âme errante...

... Une tunique beige, frappée d'une croix rouge... Aeaeda ! Compagnon d'armes de la garnison de Saint Martin du Lac. Ce dernier repartait à triple galop vers Sémur, pour y chercher du secours. La ville était proche, pourvu que...

La jeune femme toussa, l'air lui manquait. Elle laissa tomber son épée à terre, épuisée. Elle leva les yeux au ciel, les larmes roulaient sur ses joues. Ainsi c'était la fin... Elle allait mourir ici, aux portes de Sémur, sans même avoir la force nécessaire pour tenter de sauver son époux. Elle prit sa main et se laissa tomber à ses côtés.

« Tiens bon, chuchota-t-elle, les secours arrivent... »

Puis elle ferma les yeux, s'évertuant à contrôler sa respiration, à ralentir les battements de son cœur. S'économiser... Rien d'autre qu’elle puisse faire...

Constance était agenouillée près du Mauvais, Eusaias, Drasnien, elle ne savait plus mais ça lui importait peu. Elle regardait le sang s'écouler de sa chemise ouverte et se répétait intérieurement "Il ne faut pas, il ne faut pas...". D'une main tremblante, elle tenait le besace de Zhaïa et tendait au fur et à mesure les objets demandés, sans même être sûre de donner les bons.

Elle ne quittait pas des yeux la blessure béante et ne pouvait empêcher ses larmes de couler. Jamais de toute son existence, elle ne s'était sentie si impuissante face au destin. Elle avait vu des dizaines de morts en Bretagne, des centaines peut-être elle ne savait pas, mais qu'ils soient bretons ou françoys, elle n'avait jamais tenté de les ramener ainsi à la vie. Les blessés étaient rapatriés, soignés, enterrés si les soins n'avaient pas été suffisants, mais elle ne s'en occupaient presque jamais. Même pour sa presque soeur Mallorie, elle n'avait pas eu ces sombres pensées, étant arrivée trop tard pour pouvoir ne serait-ce qu'espérer la voir vivre.

Mais là, voir son ami, son frère... perdre la vie devant elle, sans qu'elle n'y puisse rien faire lui était insupportable. Choquée et perdue, elle leva les yeux vers l'épouse qui tentait de gérer la situation. Zhaïa était elle aussi blême, seulement elle n'était pas devenue livide parce qu'effrayée par la situation... elle perdait elle aussi peu à peu, le peu de force qui lui restait.

La cigüe... Zhaïa était comme rongée de l'intérieur. A mesure que les minutes s'écoulaient, elle quittait la vie. Une paralysie que Constance ne pouvait empêcher et qui la paralysait elle aussi.

J’ai besoin de vin, du vin aigre de préférence… Quelqu’un en a ? Snell peut être ? A moins que Platime… Oui, Platime est bien le genre d’individu à traîner une bouteille de vinasse infecte… Il me faut un foie frais de lapin aussi…

Constance n'avait pas de lapin, mais elle avait sur elle une bouteille qu'Eusaias lui avait offert pour l'inciter à le suivre sur ses terres. Elle la sortit et la tendit à Zhaïa.

La Melisse n'était plus. Enfuie ou partie pour des raisons que Constance ignorait. Ne restait plus que la brute qui défiait toujours Snell mais Constance ne les voyait plus, elle n'avait d'yeux que pour Eusaias et Zhaïa qu'elle pensait perdre sans rien pouvoir faire.

Dans ma besace Constance… il faut faire du feu…

Aux nouveaux mots de Zhaïa et sans réfléchir, Constance essuya ses larmes et s'appuyant sur l'épaule de Jusoor, se releva. Elle tenait fermement la besace de la douanière et s'éloigna de quelques pas pour s'exécuter. Ses gestes étaient lents et tremblants. Elle ne cessait de se frotter les yeux pour mieux voir ce qu'elle faisait et tant bien que mal arriva enfin à faire jaillir une flamme sur laquelle elle se concentra afin de faire naître le feu demandé.
A mesure que la flamme grossissait, Constance retrouvait espoir, elle ne levait pas la tête de sa tâche et lorque la flamme fût sûre, elle se remit debout et retourna près d'eux.

Zhaïa perdait espoir.

Zhaïa, allonge toi... tu ne dois plus bouger.

Constance posa doucement sa main sur son épaule et jeta un oeil sur Eusaias

Dis moi quoi faire pour lui... calmement...

Messages : 3 Date d'inscription : 03/04/2009 Age : 53 Localisation : Autun

Aeaeda est arrivée à l'infirmerie de la Caserne de l'Ost et a demandé de l'aide à l'infirmière Les Moutons Bleus pour sauver Zhaïa, ayant entendu dire que sa spécialisation avait été dans les plantes et les herbes, .

Elle partit donc à cheval, au galop, avec le Commandant Aeaeda et Astrostol pour arriver sur le lieu de l'embuscade.

Elle vit Zhaïa allongée par terre à côté d'un homme, certainement son mari qui lui aussi était bien bien mal en point. Les Moutons connaissait Zhaïa, elle l'avait croisée à la caserne, et l'a voyant ici prise de convulsions et dans une demi somnolance pensait que son état était bien avancée, et que la cigüe avait déjà fait son chemin dans ses veines et son métabolime.

Elle s'agenouilla à côté de Zhaïa et vit que toutes ses extrémités étaient froides, donc que la circulation était bien ralentie, elle lui parla et lui demanda si elle la distinguait bien. Zhaïa lui répondit qu'elle avait quelques ébouissements, pendant ce temps les moutons l'osculta et s'aperçut que les palpitations étaient rapides...

Elle demanda si Zhaïa avait déjà vomie, elle lui fit absorber quelques vomitifs dont une dose de thériaque (potion répugnante noire à base de solution de sulfate de zinc diluée dans du vinaigre), et maintenant il faut attendre et essayer de la faire faire vomir.

En attendant les moutons se pencha sur Eusaias pour l'examiner...

Messages : 4 Date d'inscription : 09/04/2009

Un guerrier accompagnait l'infirmière Lesmoutons, sur sa droite. Il chevauchait fièrement, d'une stature assez impressionnante, celle d'un homme du Nord, grand et musclé. Lorsqu'il vit Zhaïa sur le sol , il ne put s'attarder dans cette direction, ne supportant pas que l'on ai pu toucher un cheveu de cette si douce et gentille femme, qui lui avait toujours accorder un sourire lorsqu'il était triste à la garnison, bien loin de ces belles contrées du Nord...

Il se retourna sur sa selle et dit au Commandant :

"Mon Commandant , j'établis le périmètre de sécurité , il faut agir vite si nous ne voulons pas perdre plus de personnes dans cette affaire. "

Aussi tôt dit, aussi tôt fait. Ce guerrier descendit de cheval , sorti sa Hache à Deux mains de sa lanière dorsale. Cette arme , il l'a préférai à son épée et bouclier de militaire. Cette arme était dans sa famille depuis le roi Harold, forgé dans un alliage spécial, encerclé de runes d'une autre époque. Avec une telle arme , qu'il maitrisait du fait de sa constitution et de sa carrure adaptée à ce type d'arme, il devenait vraiment impressionnant à voir. Un guerrier comme cela on n'en rencontre que peu dans sa vie, mais lorsqu'on le rencontre on peut dire que c'est la fin si c'est du mauvais coté...

Astrostol en position défensive scrutait donc les environs avec attention , sachant que le Commandant assurai ses arrières , il se concentra sur le moindre mouvement qu'il put apercevoir. Cela lui rappelait les chasses aux loups de son enfance !

Tres bien soldat, je vais de ce coté
Ae designa le Sud
Faites attention en chemin, il y a eu assez de bléssé comme ça.
Ae prit on epee et son bouclier et avanca prudamment dans la foret sombre.

Messages : 3 Date d'inscription : 03/04/2009 Age : 53 Localisation : Autun

Les Moutons regarda la plaie d'Eusaias, il fallait arrêter d'abord l'hémorragie. Elle prit dans son sac une décoction qu'il devait prendre plusieurs fois à base de baies de génévrier diluées dans l'eau.

Elle ota les derniers morceaux de métal de la flêcheà l'intérieur de la plaie. Après elle appliqua une poudre sur la blessure, après avoir prit soin de lui nettoyer sa blessure. Cette poudre contenait de la rhinanthe crête de coq avec la racine, et devrait arrêter les saignements.

Elle lui fit un bandage qui lui prenait le torse et l'épaule, et lui donna une potion anti douleurs et inflammatoire pour atténuer la douleur.

Les Moutons que Eusaias devrait s'en sortir.

Elle revint auprès de Zhaïa, mais après 24 H l'amélioration n'était pas vraiment effective. Elle lui donna une solution de iodurée mélangée avec du tanin mais apparemment la parylasie gagnait du terrain...

» [Rp] [Drasnie] Huis Bandieten
» Message pour Zhaia et Eusaias de Drasnie