[RP][Drasnie]La vie te sied mal, la mort t'ira peut-être mieux...

Lui ? Envoyer des soldats à la mort ? Comment se pouvait-il ? Soldats des armées du LD, aux rangs de renom. Impossible !

Il se garda bien de retenir cela pour lui. Ils étaient un peu sa fierté, en son sacre de gouverneur. Pourtant, elle en avait l'assurance défaitiste dans la voix.

Comment comprendre ce qui arrivait, si ce n'est en l'obtenant de son aimée, qui semblait tout connaître ?

Platime, un boucher lui dit-elle. Qui fut-il, pour anéantir patrouille armée ?

Il voulait tout savoir. Il voulait tout comprendre. Il espérait trouver réponses à ses questions, il espérait trouver comment agir pour réussir à les sauver.

Pas le temps de traîner ici. Morgane le lui avait bien signifié. Alors ils marchèrent, à pas rapide, vers leur demeure. Plus un ordre de marche qu'un geste attentionné de la main.

La porte rapidement close, ils retrouvèrent le feutre et la paix de leur foyer, aux odeurs de bois éteint. Et elle se mit à raconter. A raconter son passé.

Il le savait noir, il la savait en douleurs à vouloir le lui avouer parfois. Recueillie alors dans ses bras elle finissait en pleurs... Ce qu'il n'aimait pas ça ! ce qu'il ne voulait pas ça pour elle ! Alors il lui disait son amour, qu'en vérité la femme qu'elle était désormais était la sienne, la vraie, celle et la seule qui comptait. Et ces fantômes de partir... loin, très loin. Au plus loin qu'ils le pouvaient. Ils lui faisaient peur. Horriblement peur. Peur qu'ils reviennent la hanter, qu'ils reviennent lui faire mal, qu'ils la poursuivent en cauchemars au point qu'il la perde, celle avec qui il s'est senti revivre.

Aujourd'hui, elle le lui contait. Les mots se suivaient les uns après les autres, comme une rivière dont on avait essayé de retenir les eaux. Alors oscillaient les pans de son haut déchiré. Non non, elle ne l'avait pas eu rose, la jeune femme. Et pour se battre contre son sort, il reconnaissait bien là son intelligence. L'effort toujours aussi pratique. Jusqu'à ce que ça la perde. Jusqu'à ce que ce porc de Kheldar l'avilisse dans une maison à catins, pour l'y faire user des mêmes stratagèmes. Utilisée, contre son gré... Fut-elle catin elle-même ? Qui sait où tout cela a pu l'amener, dans ce passé caché...

C'était bien son pressenti. Les ombres des pleurs ont ressurgi. Elles planaient à présent sur leur présent, autour de leur existence. Morgane était lointaine... lointaine comme l'étaient ses yeux fixés vers un vide infini, en direction de l'âtre. La Drasnie... était-ce une bourgade, une ville, un clan ?

Il ne comprenait pas encore comment elle s'était retrouvée dans la grange. Seule, dans la grange... avec cet être.. ce Platime. Qui était-il ? Que voulait-il, pour manquer détruire leur simple existence, cette vie douce et passionnée ? Aristote seul sait ce qu'il lui a fait... De rage il contacterait ses anciennes amitiés. Par elles il ferait lever une centaine d'hommes pour marcher sur la ville, et prendre comme un rat ce boucher qui aurait eu raison de trois soldats, trois de leurs frères. Ils l'auraient vilipandé, de fureur emmené sur place publique pour rendre justice, prononcer la sentance, et l'exécuter devant la foule rassemblée. Il se sentait l'âme guerrière, justiciaire. Jamais que cette fois il ne connaissait ce sentiment.

Il commençait à haïr la Drasnie, rien que cela. Il la savait mêlée, instigatrice, de toute cette histoire. Il les haïssait, de s'autoriser à venir en cauchemars ressurgir auprès de son épouse. Malgré les années déjà écoulées. Malgré la distance. Malgré la grimpe de ces routes de montagne... Cette impasse dans le fin fond du royaume... Etait-ce d'ailleurs pour ces raisons que son épouse s'était installée ici il eut deux printemps ?

Te souviens-tu de cet homme rencontré en taverne dernièrement ?

Biensûr que oui, il s'en souvenait. Il lui avait bondi dessus alors qu'il ouvrait la porte de la taverne. Il semblait vouloir le tuer, s'il n'y eut Morgane pour l'en empêcher.

Oui, ce type ? Celui qui m'avait pris à partie, qui tenait soi-disant sa place dans une troupe de comédien ?

Il voyait son acquiescement. C'était bien de cet homme dont il s'agissait. Elle semblait aller de moins en moins bien, le rose aux joues la quittait, tandis que du froid de ses peurs son corps semblait s'engourdir.

Alors c'est lui ? c'était lui dans cette grange ? à qui il fallait faire la peau ? Regarde-moi !

Il la savait fuyante, pourquoi ? pourquoi ne levait-elle plus les yeux ? quelle honte cachait-elle à son regard ?

Morgane ? Regarde-moi par Aristote !

Non mon époux, je ne te regarderai pas.

Décidé, il s'approcha d'elle, et posa les mains, qui gardaient encore trace de sa vie à la mine, sur les épaules de son aimée, comme pour fermement l'entourer...

Morgane ?

Il lui posa l'index sous le menton, avec douceur... tendrement... comme un époux chercherait à retrouver le regard bleu de sa moitié, sans jamais l'y forcer.

Il aurait voulu savoir comment elle s'était retrouvée dans la grange, comment ce sang s'était trouvé sur elle. Elle avait dû le planter, sans réussir à lui ôter la vie. Il aurait fallu le finir... ce 'boucher', il n'avait pas l'air si costaud pourtant dans cette taverne. Mille questions naissaient comme une tempête en son esprit. Etait-ce bien le moment ? était-ce le temps des questions... Il en doutait.. S'ils vinrent jusqu'à eux, ces fantômes, alors il leur faudrait plutôt agir, dès maintenant.

Dans le salon des de Maussac-Thézan.

Morgane ?

Non elle ne lèverait pas les yeux sur lui, pour ne pas croiser son regard, un regard qu'elle appréhendait plus que tout depuis qu'elle avait commencé à lever le voile sur son passé... honteux...
Elle préférait reprendre son récit mais Marcko ne semblait pas vouloir en rester là. Un doigt se glissa sur son menton, comme pour l'inviter à le relever et à poser ses yeux sur lui. Elle craignait tant cet instant... Elle ne put pas, et détourna la tête un peu plus, se replongeant dans la contemplation de l'âtre éteint. D'une voix monocorde elle lui dit :

Marcko, finissons-en, laisse moi terminer ce que je viens de commencer et ensuite tu feras ce que bon te semblera, libre de tes choix. Je partirai si tu me le demandes.

Morgane...

Mais elle ne l'écoutait déjà plus, reprenant le flot de ses paroles : elle lui expliqua que cet homme aperçu en taverne n'était pas ce Platime qu'elle craignait tant.

Stragen est... était le lieutenant de Kheldar, que ce dernier missionnait régulièrement sur demande de Mirtaï pour me retrouver quand je m'échappais. A la fin, il savait toujours où chercher, il savait que j'étais chez Bourdot et bizarrement, je le soupçonne de n'en avoir jamais rien soufflé au Roi des Rois et à ses autres sbires, il laissait la soirée passer comme pour me donner un peu de répit puis venait me chercher pour me ramener à l'auberge de la mère supérieure.

Par la suite, Bourdot avait trouvé un moyen de la faire quitter la Drasnie ni vue ni connue. C'était ainsi qu'elle avait fui sur les routes du royaume, se faisant la plus discrète possible, et c'était aussi ainsi qu'elle s'était retrouvée avec Platime et Stragen aux basques, mandatés par Kheldar pour la retrouver et lui faire la peau.

On ne quitte la Drasnie que d'une seule manière... une fois occis par une main ennemie ou pas la Drasnie-même... Mais ils ont perdu ma trace quand, chapardant une pomme sur un marché pour dire d'avaler quelque chose - je n'avais pas mangé depuis deux jours - je fus repérée par un maréchal qui me mit en procès. Procès que je perdis et qui me valut quelques mois à l'ombre des geôles bourguignonnes.

Elle sentit son épaule lui picoter, à la simple évocation de ce séjour qui, malgré le marquage au fer chaud qu'elle y avait subi, lui avait mine de rien sauvé la vie. Ce qu'elle ignorait et qu'elle avait appris quand Marcko était entré en taverne ce fameux soir, c'était que Stragen en avait profité pour planter Platime et disparaitre lui aussi, devenant de ce fait "Eusaias". A sa sortie, elle avait rallié le Lyonnais-Dauphiné et marché aussi loin que ses jambes la portèrent : Briançon, sa terre d'asile.

La Drasnie nous a retrouvé lui et moi... Mélisse, Platime et Thomas de Drasnie ont été envoyés pour régler le problème que nous posons : nous sommes la preuve vivante qu'on peut quitter les rangs du Roi des Rois et le Roi des Rois ne tolère pas qu'on lui soit infidèle. Stragen m'a dit avoir réglé le compte de Mélisse, la plus célèbre tueuse drasnienne qui ait jamais existé, mais Platime trainait selon lui dans le coin aux dire de Mélisse. Quant à Thomas... Aristote Seul sait où il se trouve en ce moment, mais il est dans notre ville, c'est certain.

Elle frissonna en prononçant tous ces noms : certes, elle avait été une voleuse de charme, mais elle n'avait jamais été faite pour côtoyer ce genre de personnes. Ils n'étaient pas du même niveau, eux n'hésitaient pas à tuer ; elle, s'y répugnait. Ramenant ses genoux sous ses jambes, dans le fauteuil de leur salon, elle se décida enfin à lever les yeux sur son époux : elle avait presque fini son récit : ce sang était celui de Platime, qui l'avait entrainée dans une grange, dans l'espoir d'abuser d'elle avant que de lui prendre la vie. Elle avait croisé Stragen un peu auparavant et il lui avait donné son stylet de secours et quelques babioles qui lui avaient paru sans réel intérêt sur le moment. Dans un sursaut de combativité, surmontant la frayeur qui lui nouait les entrailles, elle avait saisi le manche de l'arme et l'avait planté aussi fort que possible dans la cuisse de son assaillant. Elle s'était ensuite échappée.

Et tu connais déjà la suite pour l'avoir en partie vécue toi aussi...

Messages : 10 Date d'inscription : 09/09/2008

"Exactement, Thomas est en ville, même chez toi comme tu peux le voir. Allons allons ne paniquez pas, si j'avais voulu votre mort j'aurai empoisonné votre repas."

Le Drasnien finit de franchir la porte et se dirigea vers le fauteuil ou se trouvait l'ex-catin insoumise.

"Très émouvant Dark, j'ai failli en pleurer, mais tu sais il me manque un coeur pour ça !"

La Gamberge étouffa un rire. Ses yeux détaillaient chaque expressions, chaque regard et autres mimiques. Thomas la Gamberge n'était pas du genre à faire fi des détails. Une contraction de mâchoire, un tremblement de main un coup d'oeil peuvent en dire long. Il savait lire dans les pensées et il aimait utiliser ses découvertes.

"Alors, monsieur, êtes-vous toujours amoureux de la catin du Roi des rois ? Elle est têtue mais c'est une bonne gagneuse, vous pourrez en tirer bénéfice. Si vous vous montrez coopérant, sans doute le Roi fera de vous un homme riche."

Le Drasnien, se plaça à l'autre bout de la pièce et débaluchona son arbalète pour couper net la possible envie belliqueuse de l'amoureux.

Une voix inconnue et lugubre survenant dans leur demeure, il n'en fallait pas plus pour faire bondir Marcko hors de son fauteuil, le corps empli d'adrénaline, en alerte, prêt à tout.

Il était là, l'un des hommes envoyés. L'un des fantômes venu les damner.

Le coeur pulsant, Marcko scrutait la pièce du regard afin de saisir le moindre objet qui pourrait l'aider à chasser "l'invité surprise".

L'homme déblatérait son fiel tandis que l'époux serrait les dents de rage.

"Sortez d'ici ou trépassez !!!" osa-t'il vociférer, dominateur, apprêté à charger l'intrus avec le tison qu'il prendrait sous l'âtre.

Mais non... ce n'était déjà plus possible : le personnage étrange venait de montrer une arme contre laquelle il lui serait impossible de l'approcher pour lui porter estocade.

D'instinct, Marcko s'était placé devant Morgane. Au devant de son aimée, sa protégée, il était rempart contre ce personnage.

Ne prêtant aucune attention aux dires de l'énergumène, l'époux lui intima de lui répondre :
Si vous ne voulez donc pas notre mort, que voulez-vous ?

Le cauchemar continuait mais pas comme elle l'avait pensé. Elle s'était attendue à des paroles de Marcko, réprobatrices, probablement dures à son encontre et elles auraient été pleinement méritées, mais pas au venin de la Gamberge.
Comment était-il entré ? Elle avait pourtant bien pris soin de fermer la porte de deux tours de clefs derrière elle. Elle se rappela alors les crochets donnés par Stragen, qu'elle avait glissés dans la poche droite de ses braies. Elle soupira : pourquoi fallait-il que tous les drasniens soient aussi bien équipés ?

Il était là donc, le poison à l'état pur, en sa maison, il en avait franchi le seuil impûnément, ne craignant pas pour sa vie car le traitre avait pris la peine de venir accompagné de sa fidèle arbalète. Elle ne put réprimer un sourire sardonique quand elle le vit s'installer à l'autre bout de la pièce pour bavarder comme si de rien n'était, s'adressant à son époux qui, contre toute attente, faisait barrage de son corps, pour enfoncer Morgane un peu plus de ses sombres paroles.

Elle se leva, fermement décidée à faire face à son destin et surtout à sortir Marcko de cette situation qu'il n'avait pas à subir, et pour ce faire, elle aussi allait taper où ça faisait mal, pour lui montrer qu'elle n'était pas intimidée. Son objectif : le destabiliser en lui faisant croire qu'elle ne les craignait pas, ni lui, ni la mort.
La colère de voir surgir cet odieux personnage au moment même de ses aveux à son époux la révoltait, lui permettant de contrôler son tremblement de peur, tout au plus frémissait-elle... de rage.

Calmement elle le salua :

Bonjour Thomas, toujours aussi poli à ce que je vois, tu entres sans même frapper...

Puis désignant l'arbalète :

Et toujours aussi téméraire... C'est fou comme rien ne change à la Drasnie... Tout au plus tes quelques rides... Kheldar devrait penser à renouveler son personnel, vous manquez tous cruellement d'allant et de courage. Ce vieux Platime qui s'attaque à moi, frêle jeune femme, toi qui tiens tes distances grâce à la mire d'une arbalète... Et Mélisse qui se fait abattre par Stragen. Tout ceci est pitoyable. Non vraiment, vous avez tous perdu de votre grandeur.

Elle lâcha un soupir de lassitude puis le regarda droit dans les yeux :

Mon époux t'a posé une question, si tu n'en veux pas à notre vie, pourquoi nous fais-tu l'insigne honneur de la petite personne méprisable que tu es ?

Messages : 10 Date d'inscription : 09/09/2008

La Gamberge répondit d'un rire fort sonore. Cela tirait plus du gloussement que du rire, rendant le personnage encore plus malsain. Ses yeux s'illuminèrent de cruauté.

"Oh que de courage de me parler ainsi fille de joie. Une chose m'intrigue, je te croyais intelligente, mais tu dis croire Stragen. Alors, écoute-moi bien petite tête, Mélisse va bien, j'étais encore avec elle ce matin. L'autre chien de coupe jarret travaille pour quelqu'un, je ne sais pas encore pour qui, mais ce qui est certain c'est que tu es sans doute une cible."

Il avala lentement sa salive pour que la petite boive ses paroles.

"Tu sais ma petite, quand tu as été prise à voler, Stragen avait décidé de venir te régler ton compte, car il craignait que tu divulgues des noms. Tu ne me croiras sans doute pas, mais c'est moi qui est envoyé le balourd de Platime avec lui pour qu'il lui barre la route. Stragen la poignardé sous la colère, puis a pris la fuite."

Ses mensonges coulaient de sa bouche avec une facilité déconcertante. La véritable arme de l'homme résidait dans ses paroles. Il était capable d'engendrer la haine entre deux amis jusqu'à les faire s'entretuer, ou de pousser un esprit saint au suicide.

"En quelque sorte tu me dois la vie ma belle. Non ne crois pas que je suis venu chercher mon bien aujourd'hui, quand je parle de mon bien j'entends par la : ta vie. Je suis venu t'offrir les bons souvenirs d'un sage, Bourdot te salue et m'a demandé de te laisser tranquille."

Il savait que Bourdot avait toujours eu un faible pour la maigrichonne. Il la protégeait de son mieux en Drasnie. Il lui voulait encore que du bien en dehors du royaume des truands.

"Allez petite catin, je vais te laisser vivre, mais il me faut une preuve de ta mort."

Il poussa du pied, en direction de l'époux, sa besace de cuir tanné.

"Mon bon monsieur, ouvrez donc le sac, un couteau bien affuté si trouve. Tailladez la chienne afin que la lame soit imbibée et prélevez une mèche de ses beaux cheveux noirs, vous enroulerez le tout dans la serviette blanche. Oh si vous ne faites pas ce que je vous ordonne, je transperce la garce d'un trait. Dark si tu ne l'encourages pas à le faire je foudroie ton ami sans hésiter et te traine par les cheveux jusqu'à l'auberge des plaisirs interdits et cela va de même si tu t'entailles toi-même. Je veux qu'il te fasse mal par amour, je veux que tu souffres pour vous sauver tout deux."

un sourire de requin apparu sur le visage épais.

Telle une vipère la Gamberge avait susurré son venin.

Comme d'une araignée, la toile gluante avait savamment été tissée. Conçue pour eux, pour les y retenir tous les deux.

Voilà ce qu'il leur avait mis en réserve, ce vorace à l'esprit ténébreux, cet esprit malin, conçu pour causer le mal avec perversion.

Concentré de sadisme, raclûre moisie dans son âme... "Je veux qu'il te fasse mal par amour"

Ces mots traversèrent Marcko en un frisson d'horreur, ressenti jusque sur le faciès grimacé, au visage marqué par le dégoût de cette immondicité.

Il pouvait choisir de mourrir, garder son aimée sauve, fonçant droit sur l'homme, s'interposant entre lui et l'épouse : la recharge d'un autre carreau ne retiendrait pas Morgane, si elle s'enfuyait. Dans la seconde, c'est d'ailleurs ce qu'il se lançait à faire, récitant prières pour le pardon et pour la justice en son fort intérieur.

Mais le laisserait-elle là ? Gisant du trait qu'il aurait reçu dans sa chair ? Puis... un détail... Le tout bas ventre de Morgane, tout légèrement rebondi... Arriverait-il à les laisser ? seuls, sans lui ? Personne ne savait, il ne fallait le dire à personne avant d'être assuré qu'il viendrait.

Marcko était fait... le de Maussac-Thézan fixait la besace au sol, immobile, livide... Morgane saurait-elle renverser la situation, alors que lui ne le pouvait ?

Il ne savait pas manier le couteau. Ni ne savait quel endroit de l'être était le moins propice à la douleur. Un furieux sentiment lui animait l'esprit : il ne pouvait pas se sentir de déjà concevoir d'entailler les chairs de son épouse... comment pouvait-il en arriver là ?? Le juste Aristote n'aurait donc pas de pitié ? au moins pour elle ?

Comment savoir s'ils s'en tireraient vraiment saufs ? Ne serait-ce pas pour lui qu'un jeu, un entracte, celui d'un félin qui savoure le temps, une souris entre les pattes ? D'un regard à l'âme vidée vers son aimée, Marcko la questionnait...

"Fais-le."

A l'incompréhension sur le visage de Marcko, Morgane ajoutait encore : "Fais-le, qu'on en finisse vite."

Non plus commandé par sa vie propre, mais par les terribles rouages d'une machine folle, Marcko se pencha sur le sac en question, que l'homme ténébreux avait avancé du pied. Pliant les jambes, il écarta les anses, doucement, comme si l'on avait à découvrir une horrible bête, au risque de sa propre vie.

La lame... si longue, qu'il faudrait imbiber tout entière du sang tant aimé...

La main blanche tendue vers l'objet, Marcko tremblait... tout se confrontait à son geste : son être, ses pensées, sa raison, tout s'y refusait. Pourtant c'était ce qu'il fallait, pour elle, pour eux. Débarassé de son âme, il réussirait peut-être...

N'être qu'une machine. Tendre le bras. Faire lâcher premièrement l'emprise de la peau... Puis loger la chose, abîmer ses chairs... Pour que sur le tranchant se verse le sang, le sang d'une rançon. Une rançon pour qu'elle vive.

En pensée, l'époux se répétait cette succession de cauchemars... Ensuite, après cette horreur, il n'y aurait plus que quelques cheveux à lui prendre, qui se mêleraient de noir dans le rouge du sang, laissant penser au crime que devait venir commettre ce démon de la Drasnie.

Le froid de la lame, elle avait la sensation de déjà le sentir traversant ses chairs mais ce n'était pour le moment que l'écho du sadisme de Thomas, distillé avec cruauté dans leur foyer, si calme et si doux, leur nid douillet qui n'était que le théâtre de tendres ou de passionnés moments depuis qu'ils avaient emménagés ensemble.

Elle voyait le corps de Marcko devant elle, contracté de tensions musculaires. Elle priait Aristote qu'aucune idée saugrenue ne lui traversât l'esprit. Et pourtant en ces instants il semblait prêt à bondir, tel un chat qui ferait face à un chien, le dos rond, le poil hérissé...

Oh non Marcko, ne prends pas de risques inconsidérés, je t'en conjure, ne me laisse pas seule, ne... ne... ne nous laisse pas seuls. Ses pensées s'envolaient vers son aimé, silencieuse litanie, espérant qu'il sentirait le poids de son regard sur sa nuque et qu'il comprendrait qu'il lui fallait obtempérer.

Alors elle le vit se pencher et d'une main tremblante libérer de son fourreau l'arme qui, telle un pieu la crucifierait bientôt vivante. Elle se surprit à lâcher un soupir de soulagement. Ses yeux ne pouvaient se détâcher de son époux et ce fut en eux qu'il vint chercher réponse à sa question : oui il le fallait, non il n'avait pas le choix, non il ne devait pas hésiter.

Fais-le, lui dit-elle d'une voix ferme, comme pour lui donner la force. Fais-le, qu'on en finisse vite.

La jeune femme réfléchissait à l'endroit idéal, si tant était qu'il en existât un pour un tel acte. Le bas ventre et les flancs étaient à proscrire pour des raisons qui seraient évidentes à l'esprit de son époux. Le moins visible et probablement le moins douloureux était sans doute la cuisse mais Morgane redoutait que cela ne l'handicapât si jamais une fuite en urgence s'imposait. Ses bras étaient un de ses outils de travail, avec l'enclûme et le marteau, mais ne valait-il pas mieux une vie sans travail qu'une échoppe sans forgeron ?

Sans hésiter plus longtemps, la Briançonnaise tendit son bras, le gauche, celui dont elle se servait le moins dans la vie de tous les jours, et en serrant les dents elle lui dit à nouveau d'un ton déterminé, bien que ses yeux trahissaient son désarroi à le voir devoir subir ça :

Fais-le.

Messages : 59 Date d'inscription : 23/08/2008 Localisation : Âme errante...

... Zhaïa était partie en forêt de bon matin pour y trouver des plantes médicinales. Eusaias avait la facheuse tendance à se blesser depuis quelques temps ! Heureusement, son cousin, Noegor lui avait livré quelques uns de ses secrets d'herboriste avant qu'elle n'entreprenne ce voyage. La forêt résonnait des bruits de haches des bucherons venus travailler depuis l'aube.

Son panier plein d'herbes et de fleurs odorantes, la jeune femme revenait au village, un sourire au lèvres. Elle chantonnait gaiement lorsqu'elle rencontra un jeune garçon affublé d'une drôle de casquette. Il courrait ventre à terre, comme s'il avait eu le diable à ses trousses. Scrutant au loin, la jeune femme ne vit rien sur la route. N'y pensant plus, elle continua son chemin jusqu'à l'auberge où ils étaient logés...

course effrénée vers l'entrée du village.

L'écho des rires diaboliques de la femme et l'homme lui résonnait encore dans les oreilles quand il aperçut enfin la porte du village.
Il courut aussi vite que possible, entravé par ses braies mouillées de son urine qui lui collaient à la peau et manqua percuter une femme aux cheveux... blancs !

Qui était-elle ?

Elle lui faisait penser, avec son panier empli de plantes et autres herbacés, à une sorcière, partie en forêt pour trouver les ingrédients nécessaires à une décoction maléfique.

Il préféra ne pas s'avancer plus avant sur ce terrain, il avait eu assez peur comme ça mais une chose était sûre : le diable était à Briançon, il ne pouvait en être autrement. Trop de choses étranges se produisaient.

Il entra enfin dans le village, complètement essouflé ; et décida qu'il valait mieux rentrer se changer en essayant d'éviter les rues passantes pour ne pas se faire repérer par les copains qui ne manqueraient pas de se moquer de lui en voyant l'humidité de son entrejambe. D'autant plus qu'il avait fanfaronné devant eux quand la blonde lui avait donné 5 écus pour une petite mission. Il avait fait son fier, il avait fait son caïd et le caïd avait perdu sa fierté au moment même où l'urine inondait son vêtement, à l'insu de son plein gré.

C'est ainsi qu'en chemin, une fois de plus, il découvrit deux Briançonnais dans un état épouvantable. Il les connaissait : les De Maussac-Thézan. Lui avait été Gouverneur, elle venait de finir un mandat de bourgmestre. Il l'avait vue en plus grande forme et mieux vêtue qu'en ce jour. D'après leur direction, ils rentraient chez eux au pas de course.

Une fois de plus, il ne put s'empêcher de constater qu'il se passait vraiment de drôles de choses dans ce petit village reculé des Alpes, oui, de bien étranges événements étaient en marche.

Des arbustes hauts, des pierres entassées, l'endroit était parfait. Le Drasnien répétait les mouvements qu'il enchaînerait lors de son combat. Il était un artiste de la mort et tel un orfèvre il préparait toujours méticuleusement son assassina. Parade de septime, fente en avant, son épée virevoltera et tranchera le fil de vie de Thomas et Platime.

Quelqu'un arrivait, ils étaient là. Eusaias saisie la poignée de Victoria. S'adressant à elle avec autant d'amour dans la voix que s'il s'adressait a une dame

"Danse encore une fois pour moi ma belle. Tranche et Fauche comme autre fois, mords et punis mes ennemis. J'ai confiance en toi, ne me trahis pas."

L'oiseau de proie libéra la lame et fit face aux bandits Drasniens. Le dragon Jurascien pointait enfin son nez, cachant par sa forte stature.... Les yeux d'Eusaias lancèrent des éclairs, Melisse était là. Comment avait elle survécut ? Il fût un temps ou son visage réveillait le bien être du Drasnien. En ce temps elle était sa partenaire lors des assassinas, elle était son égal au stylet, elle était sa maitresse en privé. Mais aujourd'hui il préférerait la voir morte. Le combat allait être bien plus ardu.

"Conbien de fois va-t-il falloir que je te tue Melisse ?"

Il se mit dans une position qui montrait bien son envie de porter le premier assaut.

Messages : 33 Date d'inscription : 28/08/2008 Localisation : à sa recherche...

Dolmen du Dahu

Elle le regardait depuis quelque temps, virevoltant de la lame, Victoria dansant de parade en estocade. Il n'avait en rien perdu de son virtuose ni de son style, son œil aguerri de professionnelle lui reconnaissait au moins cela.

Platime, passe devant-moi, maintenant que tu as fait craqué les branches, il sait que nous sommes là. Je voudrais au moins lui faire la surprise de ma présence.

Elle se cacha donc derrière le géant et marcha dans son ombre.

"Conbien de fois va-t-il falloir que je te tue Melisse ?"

La tueuse fit mine de prendre un air triste, baissant la tête et d'une une voix dépitée :

N'es-tu pas content de me voir ? Moi qui pensais te faire une surprise.

Redevenant bien vite sérieuse, le visage grave, ses yeux au vert glacial le transpercèrent quand elle les posa sur lui à nouveau :

Oh... Mais j'y suis, Kheldar a oublié de te dire pourquoi il aime autant m'avoir dans ses rangs. Et tu n'as pas encore compris depuis le temps... Laisse-moi t'expliquer : je suis aussi féline qu'un chat, quand vient le danger, je sais retomber sur mes pattes et me sortir des mauvais pas. Aussi, tout comme les chats, le roi des rois se plait à me dire que j'ai 9 vies. Tu viens de me prendre la première, m'en restent 8 encore.

Et comme pour ponctuer sa phrase, elle sortit son couteau :

Je n'ai plus Belladone, par ta faute, et pourtant tu sais combien je l'aimais, cette dague... Tu me l'avais faite forger, je trouvais naturel qu'elle soit celle qui ouvrirait ton tombeau mais tu sais aussi que je suis habile de n'importe quelle lame. Tente un pas vers moi et je t'égorge. Je ne prendrais pas la peine de jouer avec toi au chat et à la souris cette fois-ci.

Elle passa son doigt sur le fil de la lame, un peu de sang fleurit sur sa peau, elle le porta à ses lèvres.

Au passage, je t'ai sauvé la mise Stragen, quand tu rentrais à ton auberge, j'ai pris la vie de deux mercenaires qui avaient pour objectif de te planter dans le dos. Tsss ces amateurs, vraiment aucun style et encore moins de talent... Bref, trêve de discussion, si nous en venions au fait : Thomas est ici, je crois savoir que tu le sais, et c'est tout aussi mauvais pour le gros et moi, que pour ton joli fessier. Je viens te proposer mon aide, le temps de te sortir de ce bourbier. Ensuite, que le meilleur gagne...

Messages : 59 Date d'inscription : 23/08/2008 Localisation : Âme errante...

Arrivée à l'auberge, Zhaïa poussa la porte un sourire aux lèvres.

Aubergiste ! Auriez-vous un vase ? Un grand, que j'y mette cette brassée de fleurs... J'ai pensé que cela égaierait un peu votre comptoir...
Le brave homme la regarda d'un air géné, lui tendant la missive d'Eusaias.

C'est votre ami, il m'a dit de vous la donner et ça avec... désignant le baluchon du Drasnien.

Ouvrant fébrilement le pli, la jeune femme blémit...

Par où est-il parti ? Etait-il seul ? Il y a longtemps ?

Ben, il est parti par là, tout seul oui...

Vous n'avez remarqué personne qui l'attendait dehors ?

Non... Bah, y avait bien ce gamin là. Il a attendu tout un moment dehors, et puis il est parti. Sans doute un de ces petits voleurs des bas-quartiers, que j'me suis dit. Il portait un drôle de chapeau...

Le gamin ! Le gamin qui détalait comme un lapin tout à l'heure ! Sans attendre la suite, Zhaïa se précipita dans sa chambre pour y prendre son épée et se rua dehors, laissant derrière elle un tapis de fleurs...

De nouveau devant la taverne/auberge municipale

Et voilà, il était propre comme un sou neuf dans ses braies exactement de la même couleur que les précédentes. Les copains n'y verraient que du feu. En cela il félicita intérieurement sa mère de lui avoir acheté deux paires de braies de ce même gris qui "tenait son sale" comme aimait à le répéter la matrone du foyer. Il se dit que plutôt que d'acheter une miche de pain rien que pour lui, avec les 5 pièces qu'ils tenaient encore au chaud dans sa paume, il irait plutôt faire l'acquisition d'un petit bout d'ovincaprin chez le sieur Vitruve. Il aurait bien un morceau invendu car trop petit pour satisfaire sa clientèle et qui mettrait cependant un peu de protéine dans les assiettes de la maisonnée.

Il avançait donc dans les rues à la recherche du petit groupe qu'il fréquentait habituellement et les découvrit jouant au ballon près de l'auberge municipale où il avait attendu si longtemps quelques temps auparavant.

Hé, regardez, revoilà Gavroche !!

Ouais dis donc freluquet, on t'attendait plus !

Si v'saviez les amis, c'était une mission bien plus dure qu'il n'y paraissait !

C'est vrai ?!? Raconte-nous !!! Raconte-nous !!!

Ben, quand l'gars que la dame blonde voulait que j'file est enfin sorti, j'commençais à m'ennuyer sec... On a pas idée de mettre autant d'temps juste pour nouer ses ch'veux et enfiler un mantel... Enfin peu importe, quand il est sorti, tel une souris, j'l'ai suivi, slalomant de ci de là, me cachant au coin d'une rue quand l'bougre osait un r'gard en arrière.

Le gamin, pris dans le feu de son récit, imitait les poses qu'il avait prises pour essayer de se rendre invisible tel un espion aux yeux du brigand, car oui ce ne pouvait qu'être un brigand, ainsi vêtu, le mantel rejeté en arrière, dévoilant au regard la garde de son épée.

J'peux vous dire qu'il m'a même pas remarqué, j'l'ai jouée super fine c'te filature. Quand j'l'ai vu emprunter le sentier vers le dolmen, j'suis allée r'trouver la dame, ce qu'elle était belle quand même... J'crois bien qu'si y'avait pas eu son ami l'géant pour tout gâcher, j'aurais eu droit à un baiser sur la joue en r'merciement...

Un géant ??!

Ouais, un géant vraiment affreux, il avait une drôle de cagoule pour cacher son visage, faut dire, vu ses dents toutes pourrites, il d'vait avoir une sale trogne. Il m'a attrapé par le colback. Il voulait m'tuer qu'il a dit, alors la dame lui a ordonné de m'lâcher, parce que j'avais des infos importantes, rien qu'pour elle, et qu'il avait pas intérêt à m'faire du mal, sinon elle lui réglerait son compte. Mais d'toutes façons, je pouvais m'défendre tout seul, il m'faisait même pas peur !

Derrière l'attroupement de garçonnets devant qui il paradait tel un héros, la porte de l'auberge s'ouvrit, et ses yeux s'équarquillèrent en apercevant la dame aux cheveux blancs, se ruant dans la rue, épée à la main. Quand elle posa ses yeux sur lui, il sentit de nouveau une chaleur inonder son entrejambe, sous les rires moqueurs de ses amis.

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Zhaïa fondit sur lui ne lui laissant pas un instant pour s'échapper. De toutes façons, le gamin était pétrifié, la bouche béante. Et c'était d'elle qu'il avait peur ! Les morveux s'égaillèrent comme une volée de moineaux

Où est-il allé ?

Habituellement d’un gris très clair, Les yeux de la jeune femme avaient pris la couleur de l’orage. Gavroche n'en doutait plus cette femme-là était une sorcière. Il tendit mollement le bras.

Mène moi à lui ! Sur le champ !!!

Dans les rues de Briançon.

Je... Je... Il... de qui...

Il pensait répondre à la dame aux cheveux blancs qu'il ne voyait pas de quoi elle pouvait bien parler mais l'humidité de ses culottes et les moqueries des autres gamins lui avaient fait perdre toute sa contenance, sans compter la peur qui se distillait dans ses veines sous ce regard orageux et pénétrant.
Il se mettait à bégayer comme quand le géant l'avait attrapé pour l'étriper.

Mène moi à lui ! Sur le champ !!!

Le ton ne tolérait pas qu'il lui résiste et déjà elle s'était saisi du bras qu'il lui avait tendu sans conviction. Main dans la main, les braies lui collant désagréablement à la peau, une odeur d'urine et de peur flottant autour de lui, il l'emmena.
Il reprenait les mêmes rues, le même chemin emprunté quelques temps plus tôt à la suite de l'homme aux cheveux noirs comme l'onyx.

Il... il a... p... il a p... pris p... p... par... par.. là

Et le freluquet d'entrainer la sorcière vers le Dolmen du Dahu via le Sentier du Gai Rotûrier.

"Un chat ? Moi je te verrai plus comme une vipère, froide et rampante. Mais puisque tu es chat, par 8 fois je te tuerai."

Le regard de l'oiseau de proie se posa sur le couteau que la tueuse venait de faire sortir. Le combat qui s'annonçait semblait d'un coup plus compliqué. Il écoutait avec attention ce que Mélisse lui crachait à la gueule.

"Belladone tu dis ? M'en souviens pas, c'était quoi ? Une rapière ? Un fleuret peut être...Oh, une arbalète, à moins que ce soit cette dague vulgaire que j'ai noyée."

Sourire en coin, Eusaias pensa avoir fait mouche. Tout assassin aime son arme, la chéris et défend son honneur. Il devait pousser Mélisse à l'erreur, engager le combat sous la colère était un acte annonciateur de défaite, il devait salir l'arme de la Drasniène, pourtant il connaissait "Belladone". Il l'avait fait forger lors d'un de ses passages de contrebande. C'est à "Huis Bandieten" qu'il l'avait fait forger. Une lame à l'équilibre parfait, au fil tranchant au poids ajusté à la force de Mélisse. Une dague faite par un forgeron aillant oeuvré pour le chaos, à "Huis bandieten", le repère des bandits.

Il recula d'un pas pour prendre un peu de hauteur, un pied posé sur une roche. Le mauvais porta son attention au géant qui restait en retrait, les bras croisés sur son torse à reluquer le postérieur de la tueuse. Il est vrai que la belle avait des atouts de taille pour la séduction.

"Et toi sale porc, toujours à serrer les fesses quand tu vois Thomas ? Tu es né raclure tu vas crever raclure, mais sois heureux je vous enterrerai dans la même fausse à purin toi et Mélisse."

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Toujours au Dolmen du Dahu

Aux paroles de son ancien amant, Mélisse répondit d'un soupir las :

Stragen, Stragen, Stragen...

Du bout de sa botte elle remuait un peu la terre meuble sous son pied, y enfonçant la pointe et le talon, alternativement. Elle réfléchissait à la scène qui se déroulait : que faire ? Répondre aux provocations du coupe-jarrets par la violence ? Ou bien déposer les armes en signe de bonne volonté ?
La deuxième solution était pour elle expérimentale : jamais de sa vie elle n'avait eu à se défaire de Belladone pour jouer la tempérance mais aujourd'hui en ce lieu, il ne s'agissait plus de faire face à un vulgaire contrat armée de sa dague fétiche. C'était droit dans le noir des yeux du seul homme qu'elle avait jamais su aimer qu'elle regardait.

Tu as la mémoire courte et me semble des plus vindicatifs en cette journée... Aurais-je fait quelque chose qui t'a offensé ? Belladone... Un véritable travail d'orfèvre... Forgée chez ce même forgeron qui martela la lame de ton épée. Il t'avait été recommandé par feu ce pauvre Eusaias, ton maître, celui là même qui t'offrit "Victoria".

Le sourire de la tueuse se fit dur et froid.

Un maître qui t'a tout enseigné et que tu as tué de sang froid. Alors certes, Kheldar voulait sa tête me diras-tu, tout comme il me réclame la tienne, à moi, ta compagne durant quelques années. Mais tout de même, tu essaies de te placer au-dessus de nous, de te faire passer pour bien plus honnête... Tu n'es hélas pas mieux.

La Drasnienne, dans un mouvement rapide, envoya le couteau se planter entre les pieds de Stragen :

Je ne rate jamais mon coup, tu le sais. Si ce couteau t'étais destiné, tu serais déjà castré. C'est en signe de bon volonté que je viens de faire ça. Je ne suis pas là pour chercher combat avec toi une nouvelle fois... Du moins pour l'instant. La balle est en ton camp mon "chéri".

Le couteau jailli des mains de la tueuse, dans un mouvement réflexe le drasnien bondit en arrière tout en abattant la pointe de son arme vers le sol, espérant dévier la course du poignard. La lame de la tueuse se figea à quelques centimètres de ses pieds sans que Victoria le dévie.

Je ne rate jamais mon coup, tu le sais. Si ce couteau t'étais destiné, tu serais déjà castré. C'est en signe de bon volonté que je viens de faire ça. Je ne suis pas là pour chercher combat avec toi une nouvelle fois... Du moins pour l'instant. La balle est en ton camp mon "chéri".

"Qu'est-ce que tu me fais là ? Tu refuserais un ordre de Kheldar ?"

Se redressant de toute sa taille il plaça négligemment la lame de Victoria sur son épaule. Les yeux de l'épervier se reposèrent dans ceux de la tueuse après un moment de réflexion.

"Je suis désormais en position de force ma belle..... Tu es désarmée ma vieille et le gros ne pourra rivaliser avec moi surtout en étant blessé. Si je vous tue tous les deux je redeviendrais un assassin comme vous deux, chose que je ne veux point. Alors, notre accord sera : Vous sortez de ma vie et je ne vous fais pas la peau. Revenez une fois à mon encontre et je vous jure que vous nourrirez les asticots."

Son visage se ferma complètement, ses doigts se crispèrent sur la poignée de sa maitresse de fer.

"Compris ?!"

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Mélisse ne put réprimer un rictus de mépris :

Tu ne sembles pas avoir compris les termes du contrat que je te propose mon cher... Je ne refuse pas un ordre de Kheldar : je... vais l'accomplir de manière détournée. Je refuse par contre que Thomas récolte les lauriers et me fasse porter le chapeau. Alors non ! Non je n'ai pas compris et non je ne suis pas d'accord.

La jeune femme abaissa le capuchon de sa veste de cuir, libérant la centaine de tresses qui ornaient sa chevelure et qui étaient chacune encore ornementées de leur griffe de métal. Puis elle tendit une main derrière son dos :

Platime, file-moi ton hachoir. Je crois que Stragen n'avait pas envisagé que je puisse être armée d'une quelconque manière que ce soit. Alors soit il réfléchit de nouveau à ma proposition : nous l'aidons à fuir le duché et à échapper à La Gamberge. Ensuite, advienne que pourra une fois que son joli fessier sera en terres bourguignonnes. Soit il devra m'affronter, et ça s'annonce bien moins facile qu'il n'aurait pu y paraitre.

S'adressant de nouveau à l'ancien Drasnien :

Je ne suis pas en état et tu ne l'es pas plus, tes blessures sont encore douloureuses, je le vois à ta façon de te tenir, je le vois aux grimaces que tu retiens chaque fois que Victoria est en mouvement. Mais s'il faut en passer par là, je n'hésiterai pas, quitte à y laisser la vie. Je t'amocherai suffisamment pour que Platime n'ait plus qu'à te finir. Dans tous les cas, si je devais survivre en t'ayant raté une nouvelle fois, ma tête ne tiendrait plus longtemps sur mes épaules. Je n'ai rien à perdre à te combattre maintenant.

Profitant du moment d'hésitation du gros balourd, l'oiseau de proie libéra son légendaire stylet de l'entrave de sa ceinture. Il fixa de son air le plus féroce le dragon jurascien.

"Ô Platime je te jure que si ton hachoir quitte tes mains je t'épingle avec "Monsieur Stylet". Ecoutez-moi bien vous deux, je n'ai plus envie de discuter, ma proposition est simple vous me foutez la paix et il n'y aura pas de morts aujourd'hui. Saches, garce sans nom, que si je suis venu aujourd'hui ici c'était avec la certitude que j'allais mourir, mais vous éliminer, du moins Platime et Thomas, par la même occasion. Alors, moi non plus je n'ai rien à perdre pour l'heure, toi tu devrais revoir ma proposition, car moi aussi je ne rate jamais ma cible et à cette distance mon stylet faucherai facilement la vie d'un de vous deux."

Marquant une courte pause dans cet entretient le drasnien fit un pas en arrière.

"Salutations voisins."

Eusaias, porta Victoria au fourreau gardant seulement le stylet en main, le chemin du retour pouvait cacher des brigands, autant rester prudent.

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Le bougre était têtu comme une mule et refusait de céder à Mélisse : déjà il s'éloignait à reculons, stylet en main pour sa sauvegarde.

Rhaaa, Stragen ! Serais-tu donc devenu couard ? Ou alors serais-tu devenu misogyne au contact de ta femelle aux cheveux blancs ? Faut dire, elle n'a pas l'air de rire tous les jours, ça ne doit pas être facile pour toi...

Platime, derrière elle, ne retint pas le rire gras qui montait en lui et s'esclaffa à l'attention de Mélisse :

D'ailleurs, je suis sûre qu'avec toi, y'a des moments où il devait apprécier que t'aies le dessus. Quel petit chanceux ingrat, dire que moi, je tuerai pour profiter de ton croupion, ma beauté...

Mélisse laissa échapper un soupir de lassitude : Platime ne changerait vraiment jamais.

Fuis Stragen, tu fais l'erreur de ta vie en ne me tuant pas maintenant car tu me retrouveras sur ton chemin très bientôt et le bonus que nous en tirerons Platime et moi sera le joli petit lot que nous offrirons à notre amie Mirtaï. Ca lui fera plaisir, c'est bientôt son anniversaire et ta chère maitresse viendra compléter le lot de brunes, de blondes et de rousses qu'elle fait trimer nuit et jour dans son auberge.

La tueuse fulminait mais elle savait qu'en laissant Stragen lui échapper, cela lui permettait de retrouver des forces et faire l'acquisition d'une nouvelle arme.

Espérons que Thomas ne te tombe pas dessus avant nous... murmura-t-elle plus à son attention qu'à celle de son ancien amant, bien trop loin désormais pour l'entendre.

Tu le laisses partir ?! hurla soudainement son comparse. C'est sûr et certain, t'as perdu un bout de cervelle quand il t'a écorché avec son caillou.

Arrête donc de me prendre pour une idiote Platime, j'ai besoin d'un bain, et d'une arme. On file à Huis Bandieten afin d'en faire forger une toute neuve.

Et la tueuse de tourner rapidement les talons dans le cliquetis de métal de ses tresses.

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Dans les Ruelles

... Ventre à terre, la douanière sur les talons, le gamin refaisait le chemin vers ces deux étrangers tout droit sortis d'un livre des horreurs.
Au détour d'une ruelle, le regard de la jeune femme fut attiré par une ombre, qui semblait glisser le long du mur d'une petite maison. La silhouette s'introduisit en catimini par la porte. Zhaïa ne put distinguer les traits du malfrat encapuchonné. Visiblement, il s'apprêtait à commettre un vol. L'oeil averti de la douanière ne pouvait se tromper, mais elle n'avait guère le temps de s'y attarder...

Chemin des Niouks.

Ils avaient atteint le chemin des Niouks qui menait à la porte médiane du village. De là ils pourraient rattraper le sentier du Gai Rotûrier. Il sentait la sorcière sur ses talons et n'osait pas ralentir malgré le point de côté qu'il commençait à sentir poindre. En outre, ses braies mouillées lui irritaient les cuisses, l'urine attaquant sa peau encore délicate comme celle d'un bébé.

La Place San Marcko était en vue et au delà la porte qu'ils allaient emprunter. Il ne la quittait pas des yeux, de peur de se retourner et de croiser ceux de l'étrangère qui lui collait au fondement. Soudainement, il aperçut une silhouette connue passer l'entrée du village : c'était le messire qu'il avait suivi pour le compte de la blonde !

Regar... !

Il venait de sentir la dame ralentir dans son dos aussi prit-il la peine de se retourner quand même, au risque de croiser ses yeux qui lançaient des éclairs quelques minutes plus tôt. Elle tournait la tête vers une maisonnée qu'il connaissait bien pour être celle des de Maussac-Thézan. Il les avait d'ailleurs croisés en revenant de la forêt, ils semblaient rentrer chez eux.
De la scène entrevue par la femme qui l'accompagnait, il ne put qu'apercevoir un bout de cape qui se faufilait dans l'embrasure de la porte de la demeure.
Ses yeux s'écarquillèrent de surprise :

M... Mais... Mais qui... qui qui... qui...

Il bafouillait, bégayait, n'arrivant pas à aligner deux mots sans buter sur l'un au moins. Prenant une longue et profonde respiration, il débita alors d'une traite, sur un ton presque hystérique :

Mais qui êtes vous donc tous à venir créer des ennuis dans mon village et à des honnêtes gens comme Dark et son mari ???

L'étrangère stoppa net pour ne pas lui rentrer dedans et bloqua quelques secondes sur ce qu'il venait de dire. Il l'entendit répéter plusieurs fois à voix basse le surnom de dame Morgane, mais elle ne lui répondit pas, se contentant de dire :

Mène moi à mon ami, et vite. J'ai des choses importantes à lui dire !

Votre ami il est là qui arrive, lui dit-il en pointant du doigt la silhouette qui s'était bien rapprochée.

Dans le salon des de Maussac-Thézan.

Thomas les regardait tous les deux de ses petits yeux pervers, avides de contempler l'instant tant attendu.

La pauvre épouse était piégée, faite. Capturée, dans le filet des travers tortueux de l'esprit de cet homme. Tout comme son époux.

Avec assurance, Morgane venait de tendre son bras gauche. Le couteau dans la main droite, la plus habile, Marcko déchanta. Sa femme. Elle était là... là à lui tendre l'endroit à planter, là à le lui offrir sans hésiter. Le dégoût de le faire, ce geste, faisait reculer Marcko à mesure que le bras s'approchait, regardant tantôt ce membre bientôt percé, tantôt le visage de sa belle...

Fais-le.

Ferme, décidée. Marcko l'avait compris. Cela serait ainsi.

Clore les yeux, et penser 'Ainsi soit-il'. Garder froidement le contrôle, et l'empoigner, le couteau ; le serrer très fort. Puis enfoncer par amour la lame, l'enfoncer dans des chairs qui n'ont rien fait, qui n'ont pas mérité cela.

Les paupières ouvertes de nouveau, il fixa l'endroit. Tremblant.

Il inspira. Il s'exécuta.

Son poing étreignit le manche, son bras se tendit, il porta la lame 3 pouces sous l'épaule de la femme, sur le muscle du bras. Le buste vint de se gonfler, elle venait d'inspirer elle aussi. Puis la peau, tout juste percée, écarta ses rebords qui glissaient tout contre le métal. Dans sa chair il se fit envelopper, métal de la lame qui s'enfonçait. Puis le rouge vint. Le sang de l'aimée... Là, la force pour tenir ce manche n'était plus : Marcko venait de la regarder dans les yeux, cherchant à s'y retenir, pétri d'horreur, réalisant l'horreur. Son âme était revenue à lui. L'âme dont il s'était débarassé, pour elle, pour la sauver.

La gamberge avait ce qu'elle voulait : le geste était accompli...

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